Chine: un éditeur basé à Taïwan condamné à trois ans de prison

12:2426/03/2025, mercredi
AFP
Un tribunal de Shanghai a condamné l'éditeur et animateur radio Li Yanhe pour incitation à la subversion du pouvoir de l'État. Li, fondateur de Gusa Publishing.
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Un tribunal de Shanghai a condamné l'éditeur et animateur radio Li Yanhe pour incitation à la subversion du pouvoir de l'État. Li, fondateur de Gusa Publishing.

Les autorités chinoises ont annoncé mercredi la condamnation à trois ans de prison de Li Yanhe, un éditeur basé à Taïwan, pour "incitation à la sécession".

Disparu en 2023 lors d'une visite en Chine, le rédacteur en chef de Gusa Publishing, une maison d’édition taïwanaise, avait été placé sous enquête pour atteinte à la sécurité nationale.


Un procès tenu à Shanghai


Selon le Bureau des affaires taïwanaises (TAO) de Pékin, Li Yanhe a été jugé et condamné en février à Shanghai.


"M. Li a plaidé coupable et n'a pas fait appel du jugement"
, a déclaré Chen Binhua, porte-parole du TAO, lors d’une conférence de presse mercredi.

Né dans la province de Liaoning (est de la Chine), Li Yanhe s’était installé à Taïwan, où il avait publié plusieurs livres critiques à l’égard du Parti communiste chinois (PCC). Parmi ses publications figure un ouvrage sur la répression des Ouïghours dans le Xinjiang.


Une répression accrue contre Taïwan


Cette condamnation intervient alors que la Chine multiplie les pressions politiques et militaires sur Taïwan, qu’elle revendique comme partie intégrante de son territoire, sans jamais l’avoir gouverné.

Pékin n’a jamais exclu l’usage de la force pour prendre le contrôle de l’île.


Dans cette optique, mercredi, la Chine a lancé un portail de signalement permettant aux citoyens de dénoncer ceux qu’elle accuse d’être des "
voyous et complices de l’indépendance taïwanaise".

Le site du Bureau des affaires taïwanaises affiche désormais une fenêtre contextuelle renvoyant vers une adresse e-mail où les "victimes de persécution" peuvent envoyer leurs plaintes.


Le Parti démocrate-progressiste (PDP) au pouvoir à Taïwan est accusé par Pékin de "réprimer les opinions divergentes" et de "restreindre la liberté d’expression", selon Chen Binhua.


Un climat tendu entre Pékin et Taipei


Cette annonce coïncide avec l’expulsion de Liu Zhenyan, une influenceuse chinoise vivant à Taïwan depuis plus de dix ans.


Dans une vidéo sur Douyin (version chinoise de TikTok), elle avait appelé à une
"unification de Taïwan par la force".

En réponse, les autorités taïwanaises ont révoqué son permis de résidence et un tribunal a rejeté son appel contre son expulsion.


Le président taïwanais Lai Ching-te a récemment qualifié la Chine de "force hostile étrangère" et a proposé des mesures pour lutter contre l'espionnage et l’infiltration chinoise.


Un message politique fort


La condamnation de Li Yanhe s’inscrit dans un contexte de durcissement des relations entre la Chine et Taïwan, à l’approche des élections américaines et alors que Pékin accroît ses efforts pour freiner tout élan indépendantiste de l'île.

Cette affaire pourrait renforcer les tensions et attiser les débats sur la liberté d’expression et les droits humains en Chine.


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