Washington en pleine pagaille !

11:3421/12/2025, dimanche
Abdullah Muradoğlu

Ce qui s’est passé à Washington la semaine dernière relevait du véritable chaos. Lors de la "réception de Hanoucca" organisée à la Maison-Blanche pour la communauté juive, le présentateur de Fox News Mark Levin a qualifié Trump de "premier président juif des États-Unis élu pour deux mandats non consécutifs". La scène où Levin, sioniste aguerri, posait les mains sur les épaules de Trump en prononçant ces mots avait quelque chose de pour le moins étrange. Porté par les applaudissements de la foule

Ce qui s’est passé à Washington la semaine dernière relevait du véritable chaos. Lors de la "réception de Hanoucca" organisée à la Maison-Blanche pour la communauté juive, le présentateur de Fox News Mark Levin a qualifié Trump de "premier président juif des États-Unis élu pour deux mandats non consécutifs". La scène où Levin, sioniste aguerri, posait les mains sur les épaules de Trump en prononçant ces mots avait quelque chose de pour le moins étrange.


Porté par les applaudissements de la foule qui l’entourait, Trump, visiblement grisé par l’instant, rappelait qu’au cours de son premier mandat présidentiel, il avait permis l’annexion par Israël du plateau du Golan, alors sous occupation israélienne. Il racontait aussi qu’avant de prendre cette décision, il avait demandé à l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, de lui expliquer en cinq minutes pourquoi le Golan était important pour Israël. Selon Trump, à l’issue de cette prétendue présentation de cinq minutes, il avait signé le décret sans plus attendre.


Pourtant, Trump avait déjà affirmé à plusieurs reprises que parmi les invités de cette "réception de Hanoucca" figuraient la magnate des casinos Miriam Adelson et son mari Sheldon Adelson, décédé en 2021, qui n’avaient cessé de le harceler pour l’annexion du plateau du Golan et le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. Le couple Adelson comptait parmi les plus généreux donateurs des campagnes de Trump. Celui-ci allait même jusqu’à annoncer que, s’il se présentait pour un troisième mandat, Miriam Adelson lui verserait encore "250 millions de dollars".


Selon la Constitution américaine, un troisième mandat présidentiel pour Trump est impossible. Trump lui-même reconnaissait cette impossibilité, affirmant qu’il existait de nombreuses personnalités susceptibles de lui succéder, à commencer par le vice-président JD Vance. Pourtant, lors de la "réception de Hanoucca", Miriam Adelson affirmait avoir évoqué la question avec le célèbre professeur de droit constitutionnel Alan Dershowitz, selon qui rien ne s’opposait juridiquement à une troisième candidature de Trump. Dershowitz aurait d’ailleurs discuté de ce sujet avec Trump et lui aurait offert un exemplaire de son livre à paraître l’année prochaine, intitulé "Le président Trump peut-il constitutionnellement exercer un troisième mandat ?".


Cependant, dans une déclaration publiée le 17 décembre dans le Wall Street Journal, Dershowitz précisait qu’il n’existait certes pas d’obstacle absolument infranchissable à une troisième candidature de Trump, mais qu’il ne croyait pas que celui-ci s’engagerait réellement dans cette voie. De son côté, la cheffe de cabinet de la Maison-Blanche, Susie Wiles, expliquait dans une interview accordée au magazine Vanity Fair que Trump savait parfaitement qu’il ne pouvait pas être candidat, mais qu’il prenait plaisir à observer à quel point cette idée rendait certaines personnes hystériques.


Alan Dershowitz avait par ailleurs fait partie de l’équipe de défense du producteur de cinéma Harvey Weinstein, condamné à de lourdes peines de prison pour agressions sexuelles. Il avait également été l’un des avocats de Jeffrey Epstein lors de sa première arrestation au milieu des années 2000. Dershowitz avait joué un rôle clé dans l’accord judiciaire ayant permis à Epstein d’échapper à une lourde peine. Au-delà de la relation avocat-client, il était connu pour sa proximité avec Epstein, ce qui l’avait fortement discrédité par la suite.


Par ailleurs, les déclarations de Susie Wiles dans Vanity Fair faisaient l’effet d’une bombe. Selon elle, Trump, bien qu’il ne boive pas d’alcool, avait une personnalité d’alcoolique. Le vice-président JD Vance y était décrit comme un "théoricien du complot". Wiles soulignait que le secrétaire d’État Marco Rubio était attaché à ses principes, tandis que Vance, selon elle, changeait d’opinions "pour des raisons politiques". Étant donné que Vance et Rubio sont considérés comme deux candidats sérieux à la présidentielle de 2028, ces propos attiraient particulièrement l’attention.


Toujours selon Wiles, le blocus imposé par les États-Unis au Venezuela et les attaques contre des bateaux de pêche soupçonnés de transporter de la drogue visaient clairement un "changement de régime". Elle affirmait que Trump souhaitait continuer à faire exploser les embarcations jusqu’à ce que Nicolás Maduro cède, ajoutant : "S’il autorise une opération terrestre, alors c’est la guerre, et dans ce cas, l’approbation du Congrès est nécessaire". Trump avait pourtant déclaré un jour : "Nous n’avons pas besoin de l’accord du Congrès. Mais je pense qu’il serait bon de les en informer".


Wiles estimait également que la procureure générale Pam Bondi avait totalement échoué dans sa gestion des "dossiers Jeffrey Epstein". Bondi avait initialement affirmé que la liste des clients d’Epstein se trouvait sur son bureau. Wiles répliquait quant à elle : "Il n’y a pas de liste de clients et elle ne s’est certainement jamais trouvée sur son bureau".


Toutefois, Wiles soutenait que Vanity Fair avait sorti ses propos de leur contexte. Trump, Vance et Bondi continuaient, eux, à défendre Susie Wiles, la qualifiant d’excellente cheffe de cabinet. Il semblait clair que la Maison-Blanche ne souhaitait pas voir ces interviews alimenter davantage la controverse.


Ancienne lobbyiste, Susie Wiles est connue non seulement pour son expérience en matière de stratégie de campagne, mais aussi pour sa prudence, sa discrétion, sa rigueur et sa discipline. Les raisons pour lesquelles elle a accordé ces entretiens approfondis, qui promettaient pourtant de susciter de vives polémiques, continueront sans doute à faire débat pendant encore longtemps.

#États-Unis
#Maison Blanche
#Abdullah Muradoğlu