1MDB: les clés d'un scandale financier surréaliste

15:3426/12/2025, Cuma
AFP
Le logo de 1 Malaysia Development Berhad (1MDB) sur un panneau d'affichage situé sur le site en cours de développement du Tun Razak Exchange, le projet phare du fonds à Kuala Lumpur.
Crédit Photo : MANAN VATSYAYANA / AFP
Le logo de 1 Malaysia Development Berhad (1MDB) sur un panneau d'affichage situé sur le site en cours de développement du Tun Razak Exchange, le projet phare du fonds à Kuala Lumpur.

Des milliards de dollars détournés, dépensés dans un yacht, des tableaux de maîtres ou un blockbuster hollywoodien dont le scénario peine à rivaliser avec ce scandale bien réel.

Voici les clés de l’affaire 1MDB, qui a secoué la Malaisie et Goldman Sachs jusqu’aux plus hauts niveaux.


Qu’est-ce qu’1MDB ?


1Malaysia Development Berhad, ou 1MDB, était un fonds d’investissement souverain malaisien, aujourd’hui dissous, créé en 2009 par Najib Razak, alors récemment nommé Premier ministre. Sous sa supervision, le fonds a investi notamment dans l’énergie et l’immobilier, en Malaisie et au Moyen-Orient.

Un certain Low Taek Jho, homme d’affaires malaisien au carnet d’adresses bien fourni et sans rôle officiel, aurait aidé à mettre sur pied 1MDB et pris des décisions financières cruciales. Il est aujourd’hui en fuite.


Les voyants ont commencé à passer au rouge en 2014, lorsque la dette de la société d’État a atteint la somme astronomique de 11 milliards de dollars, tandis qu’émergeaient des inquiétudes concernant de l’argent évaporé.


Le portail d’actualités Sarawak Report a lancé l’alerte en premier, suivi en 2015 par le Wall Street Journal, qui a publié des documents montrant que Najib Razak avait reçu au moins 681 millions de dollars sur ses comptes personnels.

Comment l’argent a-t-il été dépensé ?


Le ministère de la Justice des États-Unis a ensuite ouvert une vaste enquête, avançant que les fonds volés avaient été blanchis via le système financier américain et dépensés dans des produits de luxe. Les estimations chiffrent à plus de 4,5 milliards de dollars les sommes détournées entre 2009 et 2015 par des responsables d’1MDB et leurs partenaires.

Des dizaines de millions de dollars ont été utilisés en 2012 par le beau-fils de Najib Razak, Riza Aziz, producteur de cinéma, pour financer "Le Loup de Wall Street", film avec Leonardo DiCaprio retraçant l’ascension et la chute d’un courtier véreux.


Des centaines de millions ont également été consacrés à l’achat d’immobilier de luxe à Beverly Hills, New York et Londres.


Parmi les autres dépenses fastueuses figurent l’acquisition d’un tableau de Monet à 35 millions de dollars, d’un Van Gogh à 5,5 millions, d’un avion Bombardier à 35 millions, d’une participation dans le label EMI Music Publishing à 100 millions de dollars et d’un yacht évalué à 250 millions.

Quel rôle Goldman Sachs a-t-elle joué ?


En plus de Najib Razak, la Malaisie a inculpé Goldman Sachs ainsi que plusieurs employés et anciens employés de la banque américaine pour leur rôle dans ce scandale.

Les procureurs affirment que des responsables bancaires ont aidé à détourner d’importantes sommes et à corrompre de hauts responsables afin d’obtenir des contrats, tout en trompant les investisseurs.


L’ancien président de la filiale de Goldman Sachs en Asie du Sud-Est, Tim Leissner, a plaidé coupable aux États-Unis pour corruption et blanchiment d’argent. Passible d’un maximum de 25 ans de prison, il a été condamné à deux ans d’emprisonnement en mai 2025 en raison de sa coopération avec les autorités américaines.

Il a notamment témoigné contre un ancien banquier de l’établissement, Ng Chong Hwa, également connu sous le nom de Roger Ng, condamné à 10 ans de prison en mars 2023.


Comment les fonds ont-ils été récupérés ?


En juillet 2020, Goldman Sachs a accepté de verser 3,9 milliards de dollars à la Malaisie en dommages et intérêts dans le cadre des procédures pénales engagées contre elle. L’accord comprend 2,5 milliards de dollars en liquidités et l’engagement d’aider le pays à récupérer au moins 1,4 milliard de dollars de biens acquis illégalement.

Les tensions se sont ravivées en 2023 lorsque l’actuel Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, a cherché à renégocier les termes de l’accord, estimant que son pays ne pouvait pas se
"laisser mener en bateau"
. Goldman Sachs a alors engagé des poursuites contre Kuala Lumpur.

Malgré ce différend, le recouvrement des fonds a dépassé les attentes. En juin 2024, le ministère de la Justice américain a indiqué avoir récupéré ou contribué à restituer 1,4 milliard de dollars à la Malaisie. En janvier 2025, 20 millions de dollars supplémentaires ont été sécurisés.

En août 2024, une autre banque américaine, JPMorgan Chase, a accepté de payer 330 millions de dollars pour régler l’ensemble de ses litiges liés à 1MDB.


En décembre, la Commission anticorruption malaisienne a annoncé que des discussions avec les autorités américaines permettraient le retour de 12 tableaux de grande valeur, signés notamment Picasso, Matisse et Miró, pour une valeur dépassant 30 millions de dollars.


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