Son visage est moulé dans du plâtre blanc. On lui a collé un nez rouge parfaitement rond. Son corps est un assemblage de bois et de métal, portant tantôt le sigle d'une organisation d'aide internationale, tantôt une image de sardines ou de petit pois.
Bientôt, il se mettra à danser gaiement, porté à la vie plusieurs fils retenus par une croix d'attelle en bois.
Au fil des années, il est devenu une référence des marionnettes sur le petit territoire palestinien.
A cause des combats qui ravagent la bande de terre depuis plus de 200 jours, il a quitté la ville de Gaza et s'est installé dans un appartement d'un immeuble en construction de Deir al-Balah (centre), où il a reconstitué son atelier.
Les personnages prennent désormais forme à partir de boîtes de conserve qu'il ramasse dans la rue, par manque d'autres matériaux, au milieu de parpaings nus, avec vue sur des palmiers et des nuages de fumée indiquant des explosions ou des frappes aériennes, quotidiennes dans le ciel de Gaza.
"Raconter notre histoire"
M. Karira avait déjà appris à être inventif, et à recycler des pigments ou des fils prélevés sur du matériel de pêche pour contourner les fréquentes pénuries dues au blocus israélien imposé pendant plus de dix ans sur la bande de Gaza après la prise du pouvoir du Hamas, un mouvement islamiste considéré comme une organisation terroriste par beaucoup, dont l'Union européenne ou les Etats-Unis.
Lui qui, avec sa troupe, avait créé plus d'une centaine de personnages évoluant au milieu de décors sophistiqués pour des spectacles où il abordait des questions de société de manière détournée, dit-il, ne baisse pas les bras.
Ces marionnettes peuvent raconter de belles choses, raconter notre histoire.