Accusations de génocide à Gaza: le cas Ilan Choucroun

La rédaction
12:2024/12/2025, Çarşamba
MAJ: 24/12/2025, Çarşamba
Yeni Şafak
Le soldat franco-israélien Ilan Choucroun, fidèle adhérents aux thèses de l'extrême droite israélienne visées par la justice internationale et présenté comme un "humanitaire" par son avocat Philippe Samak, en tenue de combat.
Crédit Photo : Ilan Choucroun / X
Le soldat franco-israélien Ilan Choucroun, fidèle adhérents aux thèses de l'extrême droite israélienne visées par la justice internationale et présenté comme un "humanitaire" par son avocat Philippe Samak, en tenue de combat.

Le cas d’Ilan Choucroun, Franco-Israélien et réserviste de l’armée israélienne, cristallise les accusations de participation au génocide à Gaza. Actif sur les réseaux sociaux, il a documenté son engagement militaire dans l’enclave palestinienne depuis octobre 2023. Des ONG, des militants et des responsables politiques évoquent une implication indirecte dans des crimes internationaux, tandis que l’intéressé rejette toute accusation. Ce dossier s’inscrit dans un débat juridique mondial sur la qualification des opérations israéliennes à Gaza.

Accusations visant un réserviste franco-israélien engagé à Gaza


Ilan Choucroun est un Franco-Israélien de 32 ans résidant en Israël et originaire de Nice. Il s’est présenté publiquement comme réserviste des forces israéliennes, engagé dans des opérations militaires à Gaza à partir d’octobre 2023.


À travers de nombreuses publications, il affirme avoir participé pendant plus de 500 jours à des missions liées au conflit, notamment à la récupération de corps de soldats et d’otages israéliens. Ces contenus ont été largement relayés et commentés sur les réseaux sociaux.



Pour ses détracteurs, cette présence prolongée sur le terrain constitue une participation indirecte à des actes qualifiés de génocide par plusieurs organisations internationales.


Adepte des thèses génocidaire de l'extrême-droite israélienne


Ilan Choucroun
est acquis aux thèses génocidaires de Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien contre lequel la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt pour crime de génocide. Sur son compte X, Choucroun dit le 5 aout 2025:

"Existe-t-il un Gazaoui qui n'est pas impliqué de près ou de loin dans les pogroms du 7 octobre ? Tous semblent avoir participé ou applaudi les massacres du Hamas."


Cette déclaration opère une généralisation assimilant l’ensemble de la population de Gaza aux attaques du 7 octobre, sans distinction entre civils et combattants.


Choucroun considère également qu'
"Il n'y a aucun Palestinien à Gaza",
niant l’identité palestinienne des habitants de Gaza.


L'assimilation de toute la population gazaouie aux attaques du 7 octobre et la négation de l'identité palestinienne sont exactement des thèses promues par le Likoud que défend Choucroun. Ces deux questions émergent des textes de droit international et des rapports d'organisations non gouvernementales. L'assimilation de la population civile gazaouie aux attaques du Hamas du 7 octobre 2023, et la négation de l'identité palestinienne portée par certains courants idéologiques israéliens ont été abondamment condamnées par les institutions internationales et les ONG de défense des droits humains qui ont produit une documentation substantielle sur ces deux problématiques.


Les punitions collectives: un interdit absolu du droit international


Le principe juridique est sans équivoque. L'article 33 de la
Quatrième Convention de Genève
prohibe explicitement toute punition collective infligée à une population civile. Cette interdiction constitue l'un des piliers du droit international humanitaire, visant à protéger les civils des représailles pour des actes qu'ils n'ont pas commis.

Concernant
Gaza
, les organismes des
Nations Unies
ont multiplié les alertes. La
Haut-Commissaire aux droits de l'homme
a qualifié le blocus imposé à Gaza de punition collective, soulignant qu'il viole le droit international humanitaire. L'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a pour sa part décrit les bombardements et le siège de la bande de Gaza comme une punition collective infligée à l'ensemble de la population civile.

Plus récemment, le Comité spécial de l'ONU a franchi un cap supplémentaire en déclarant qu'Israël inflige une
punition collective à la population palestinienne
en utilisant la famine comme méthode de guerre. Cette qualification juridique revêt une importance capitale, car elle implique des violations graves du droit international.

Le rapport 2024 d'
Amnesty International
apporte des éléments factuels particulièrement révélateurs. L'organisation a recensé et analysé des déclarations officielles israéliennes qui assimilent explicitement les civils palestiniens à l'ennemi. Parmi ces déclarations figure le slogan largement diffusé affirmant qu'il n'y aurait pas de civils non impliqués à Gaza.

Amnesty International note une intensification considérable de la rhétorique discriminatoire anti-palestinienne après le 7 octobre 2023.
Bien que les officiels israéliens diffusant cette rhétorique soient condamnés par toutes les instances internationales, voire font l'objet de poursuite pour crime de génocide, le franco-israélien Ilan Choucroun qui y adhère et les met en oeuvre sur le terrain n'a jamais été inquiété par la justice française.

La négation de l'identité palestinienne: une doctrine politique condamnée par l'ONU


Au-delà de la question des punitions collectives, les textes révèlent l'existence d'une
idéologie politique qui nie l'existence même d'une identité nationale palestinienne
. Cette négation, loin d'être marginale, s'inscrit dans des programmes politiques et des chartes de partis au pouvoir en Israël.

Les analystes politiques soulignent que le programme du Likoud s'inscrit dans la continuité du sionisme révisionniste, revendiquant le concept du Grand Israël et promouvant une politique active de colonisation. Plus significatif encore, la Charte du Likoud ne reconnaît pas l'existence de la Palestine en tant qu'entité nationale et réfute catégoriquement l'idée d'un État palestinien souverain.


Ce sont exactement ses thèses que soutien Ilan Choucroun, qui n'a jamais fait l'objet d'une quelconque mesure pour son engagement à mettre en œuvre la politique génocidaire du Likoud.

Chez Choucroun, cette position ne relève pas d'un accident rhétorique ou d'une formulation maladroite. Elle constitue un pilier idéologique fondamental d'un parti pris pour une formation politique qui gouverne Israël depuis plusieurs années.


La
négation de l'identité palestinienne
s'inscrit ainsi dans une continuité politique assumée, des origines idéologiques du mouvement jusqu'à ses positions actuelles.

L'accumulation de ces documents juridiques et rapports d'ONG dessine un tableau cohérent. D'une part, des organisations internationales documentent des pratiques qu'elles qualifient de punitions collectives, en violation du droit international humanitaire. D'autre part, des analyses politiques établissent l'existence d'une idéologie gouvernementale qui nie l'identité nationale palestinienne et, dans certains cas, assimile l'ensemble de la population civile à l'ennemi.


A cela, Ilan Choucroun se dévoue, sans jamais être inquiété par la justice française.

Négation du génocide à Gaza


Dans plusieurs publications,
Ilan Choucroun
nie également le génocide à Gaza. Un génocide documenté, discuté dans toutes les instances internationales et condamné par la justice internationale qui a émis des mandats d'arrêts contre les deux principaux artisans de celui-ci.

Dans une publication du 12 juin 2025, alors que l'ONU alertait sur la famine à Gaza, Ilan Choucroun rétorquait
"qu'il n'y a absolument aucun génocide. Les Gazaouis mangent à leur faim et sont plus nombreux chaque jour..."


Cette négation explicite des accusations de génocide, et cette minimisation de la situation humanitaire à Gaza, sont condamnables par la justice française. En tant que justiciable, Ilan Choucroun s'expose à des poursuite en France. Alors que toutes les ONG pointent le risque de famine et documentent les morts de faim depuis le début du conflit, il apparait que ce n'est pas la première fois que Choucroun, présent sur place au moment des faits, publie sur le sujet.




Le 29 octobre 2024, Choucroun affirmait que la population de Gaza était
"systématiquement dans le Top 10 des peuples les plus obèses du monde".
Reprenant systématiquement en boucle la propagande du gouvernement Netanyahu, Ilan Choucroun affirmait également le 5 aout 2025 que
"
. Il y a plusieurs centres de distribution où ils peuvent se rendre facilement et manger à leur faim".


Cette constance dans la négation des crimes de guerre israéliens et de la réalité du quotidien des Palestiniens ne peut qu'être volontaire. Choucroun, qui a été en poste plus de 500 jours sur place, est
de facto
un
agent de la propagande d'un régime génocidaire
.


Depuis fin 2023, plusieurs ONG, dont Amnesty International, évoquent des actes
"allant dans le sens d’un génocide"
à Gaza, citant la destruction massive des infrastructures civiles et les pertes humaines. Le Conseil de l’Europe a également alerté sur la gravité des opérations israéliennes.

C’est dans ce contexte que des militants et associations accusent
Ilan Choucroun
de participer, en tant que réserviste, à un système militaire jugé responsable de crimes internationaux. Une plainte pour crime contre l’humanité a notamment été déposée en France, sans qu’elle n’ait, à ce stade, abouti à une condamnation.

L’intéressé conteste fermement ces accusations et affirme que les opérations visaient le Hamas, alors que cela a été débunké par toutes les instances internationales.


La défense douteuse d'Ilan Choucroun


Ilan Choucroun continue de s’exprimer publiquement sur le conflit, rejetant toute qualification de génocide et dénonçant une instrumentalisation politique. Il a obtenu gain de cause dans une procédure pour diffamation à Nice, renforçant sa position juridique. Pour sa défense, Ilan Choucroun a choisi le conseil de
, qui argue que son client ferait de
"l'humaniraire"
. Selon l'avocat,
Ilan Choucroun
participerait simplement à l'évacuation de blessés.

Crédit Photo : Ilan Choucroun / X
Ilan Choucroun et son armement complet, présenté comme un "humanitaire" par son avocat Philippe Samak

Or, en jetant un rapide coup d'œil succinct aux publications d'
Ilan Choucroun
, on voit un homme en arme, fier de participer à une armée pointée du doigt comme étant génocidaire, dont plusieurs dizaines de ses soldats se suicides à cause des conséquences psychologiques de leurs agissements à Gaza.

Philippe Samak, l'avocat des génocidaires ?


Si tout justiciable a le droit à un avocat pour sa défense, le conseil d'Ilan Choucroun le dédouane totalement de ses responsabilités quant à la participation à une entreprise condamnée par toutes les instances internationales. Imaginons un Nazi défendant l'idéologie nazie qui oserait porter plainte pour diffamation quant on lui dit, et la défense de son avocat qui plaide l'action humanitaire. La scène serait surréaliste et constituerait une insulte pour toutes les victimes du nazisme.


Non, Ilan Choucron n'est pas un
"humanitaire"
, c'est un militant qui soutient les pires politiques israéliennes et ne s'en cache pas. Un militant qui appelle à l'annexion de la Cisjordanie et à mettre
"les Arabes"
à la mer. Il prend pour les armes pour cette cause, il y adhère, ce n'est pas un spectateur. Il le dit lui-même publiquement sur ses réseaux sociaux et il l'assume pleinement.

Peut-être est-il temps pour la justice française de considérer un participant et un adhérent à une politique génocidaire comme un participant et un adhérent à une politique génocidaire, surtout quand celui-ci en fait l'apologie sur ses réseaux sociaux.


Crédit Photo : Ilan Choucroun / Capture d'écran X
Le soldat franco-israélien Ilan Choucron, présenté comme un "humanitaire" par son avocat, appelant à l'annexion de la Cisjordanie par Israêl, en totale violation du droit international et qui propose implicitement de mettre les "Arabes" à la mer.

La justice française va-t-elle enfin mettre en place des poursuites contre les ressortissants français partis de leur plein gré participer à la plus grande entreprise de destruction du XXIe siècle ou continuera-t-elle à considérer les milliers d'Ilan Choucroun qui se pavanent sur les réseaux sociaux comme des
"humanitaires"
?

Le temps juridique ne s'accorde pas souvent avec le temps médiatique, mais une chose est sûre : le droit finit toujours par triompher.


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