L'école Notre Dame de Betharram, fondée en 1837.
Le scandale des violences, viols et agressions sexuelles imputées à des personnels de l'établissement privé catholique Notre-Dame de Bétharram, n'en finit plus d'éclabousser l'Eglise, qui a pris la parole ce jeudi matin depuis Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour exposer sa vérité.
En conférence de presse, Marc Aillet, Évêque de Bayonne, a assuré que
"l'Eglise, comme les autres corps institutionnels de la société dans laquelle nous étions, ne s'est pas rendu compte de ça"
.
"On ne prenait pas conscience de la gravité des choses. Vous vous rappelez sans doute qu'en 1970, un certain nombre d'intellectuels français, signaient une pétition dans laquelle ils considéraient normales, les relations sexuelles des adultes, avec des enfants (…). Ça veut dire qu'il y avait un contexte dans la société qui ne se rendait pas compte des choses, outre les choses qu'on ne savait pas non plus et qui étaient occultes"
, a-t-il fait valoir.
Et de poursuivre:
"L'Eglise ne s'est pas rendu compte, c'est vrai, c'est dommage (…). C'est encore plus une honte pour nous, parce-que c'est de l'Eglise dont il s'agit aujourd'hui mais je pense, quand on a pris conscience du drame que ça représentait, que l'Eglise est peut-être la première institution à avoir pris les choses en main de manière aussi forte"
.
De son côté, le Père Laurent Bacho, qui s'exprimait conjointement et représente la congrégation de Bétharram, a expliqué que jamais, l'institution n'a eu de doutes sur les faits qui sont aujourd'hui imputés à certains de ses personnels religieux et laïcs.
"Nous avons vécu avec ces frères là et jamais nous ne nous doutions de ce qu'il s'est passé"
, a-t-il lancé face à la presse, qualifiant les faits
,
"horribles et monstrueux"
.
Le responsable, qui a exercé à Bétharram pendant 8 ans, s'est dit
par les révélations qui se sont multipliées via les témoignages de victimes ces derniers mois et dernières semaines.
Mais très vite, au moment de sa prise de parole, le Père Bacho a été interrompu par Arnaud Gallais, cofondateur de Mouv'enfants, venu confronter l'Eglise à ses contradictions.
"Pourquoi Henri Lamasse est toujours à Bétharram ?"
, a-t-il lancé au responsable de la congrégation,
en faisant directement référence à un prêtre accusé de viols et aujourd'hui pensionnaire de l'EHPAD de Bétharram
malgré la gravité des faits qui lui sont reprochés mais pour lesquels il n'a pas pu être jugé ni condamné pour une question de prescription.
Rappelant qu'Henri Lamasse est mis en cause pour avoir
"violé Jean-Marie Delbos"
, Arnaud Gallais a réclamé des explications sur le maintien de ce prêtre, à proximité immédiate du groupe scolaire, et donc de dizaines d'enfants.
Quelqu'un qui a violé, qui a été condamné par le tribunal canonique, est encore à Bétharram, proche d'enfants, c'est un scandale sans nom.
Au terme de cette conférence de presse, le militant associatif engagé pour la protection des enfants, a qualifié les intervenants de
qui feignent
"de découvrir ce qui se passait à Bétharram alors que quand on se déplace dans les Pyrénées, tout le monde savait ce qui se passait à Bétharram"
.
"C'est une honte et la honte la plus grande à mon sens, est sur Bruno Retailleau qui est le ministre des cultes, qui ne fait absolument rien. Imaginez-vous un seul instant qu'à la place du mot ‘catholique', on remplace par ‘musulman' ou ‘juif', je pense qu'il n'y a pas un seul doute, ce serait déjà fermé depuis longtemps"
, a-t-il grincé.
Déplorant un sentiment
et
de la part des responsables religieux qui se sont exprimés, Arnaud Gallais a également pointé l'absence de réaction du gouvernement.
Au même moment ce jeudi matin, les députés Paul Vannier et Violette Spillebout, tous deux corapporteurs de la commission d'enquête parlementaire sur les violences faites aux enfants, se sont rendus dans les locaux du ministère de l'Education nationale afin de pouvoir exercer leur pouvoir d'investigation sur pièces en procédant notamment à des saisies de documents qu'ils jugent nécessaires à leur travail d'enquête parlementaire.
La commission d'enquête créée courant février a essentiellement pour but de mener un travail approfondi sur l'ampleur des violences faites aux enfants dans les établissements scolaires mais également sur une éventuelle responsabilité de l'Etat dans certains faits liés à des manquements en termes de contrôles.
"On commence le travail de cette commission d'enquête très sérieusement et on utilise nos prérogatives qui sont de pouvoir se rendre dans les institutions et les ministères pour demander des documents qui nous seront utiles à une semaine de la première audition des victimes qui aura lieu le 20 mars prochain"
, a déclaré Violette Spillebout interrogée par BFMTV, tandis que Paul Vannier a indiqué qu'une
"attention particulière serait portée sur les contrôles ou l'absence de contrôles dans l'établissement Bétharram ou Stanislas"
.
S'agissant de l'avancée judiciaire du scandale, le parquet de Pau a été saisi de 132 plaintes pour des faits s'étalant des années 50 aux années 2000.
Un homme 59 ans a été mis en examen et écroué pour des faits de viol aggravé et agression sexuelle aggravée. Les deux autres personnes interpellées au même moment ont, quant à elles, été relâchées au terme de leur garde à vue, les faits pour lesquels ils sont mis en cause étant prescrits.
Le Premier ministre François Bayrou, visé par un signalement classé sans suite, reste pointé du doigt pour n'avoir jamais signalé les faits à la justice alors même que ses propres enfants ont été scolarisés au sein de Notre-Dame de Bétharram et que son épouse y a enseigné le catéchisme.
Une inspection du groupe scolaire doit démarrer le 17 mars courant, à la demande du ministère de l'Education nationale.
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