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États-Unis: le lobbying israélien entraîne la démission de la rectrice de l'université de Pennsylvanie

La campagne de chantage financier exercée par de nombreux individus et groupes, qui a entraîné la démission de la rectrice de l'université de Pennsylvanie, Elizabeth Magill, provient des plus gros bailleurs de fonds du lobby israélien.

16:28 - 11/12/2023 lundi
MAJ: 17:15 - 11/12/2023 lundi
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La rectrice de l'université de Pennsylvanie, Elizabeth Magill.
Crédit Photo : @helenckh / X
La rectrice de l'université de Pennsylvanie, Elizabeth Magill.

À la suite des interventions d'Elizabeth Magill, de Claudine Gay, rectrice de l'université de Harvard, et de Sally Kornbluth, rectrice de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT), répondant aux questions du Congrès américain sur l'antisémitisme et l'"Holocauste", d'intenses pressions ont été exercées en faveur de leur démission.


Elizabeth Magill, qui a défendu la liberté d'expression lors de manifestations contre Israël, a démissionné après avoir subi des critiques et des pressions.


Marc Rowan, directeur général de la société de capital-investissement Apollo Global Management, l'une des plus grandes institutions financières des États-Unis, et président du conseil consultatif de la Wharton School of Business de l'université de Pennsylvanie, a été la figure de proue de la campagne de pression.

Fondé en 1990 par Marc Rowan, Leon Black et Joshua Harris, Apollo est l'un des plus grands fonds d'investissement alternatifs au monde et contrôle 350 milliards de dollars d'actifs.


Marc Rowan et Joshua Harris font partie des personnes les plus riches des États-Unis. La valeur nette de Harris s'élevant à 7,27 milliards de dollars et celle de Joshua Rowan à 5,74 milliards de dollars, selon des estimations de Bloomberg datant d'août 2021.


Considéré comme l'un des plus grands donateurs de l'université, Marc Rowan aurait fait don d'au moins 50 millions de dollars à l'université à ce jour. Il est également considéré comme l'un des plus grands donateurs et soutiens des organisations du lobby israélien.


Le nom de Marc Rowan est mentionné dans la presse américaine comme l'un des membres d'une équipe de groupes de pression, dont l'American-Israel Public Affairs Committee (AIPAC) et la Democratic Majority for Israel, qui a travaillé avec des hommes politiques américains pour envoyer de l'argent et des armes à Israël.


Les noms de certains milliardaires qui ont fait des dons à des groupes de chantage ont également été révélés.
Il s'agit notamment de Robert Kraft, directeur général des New England Patriots et du Kraft Group, de Rowan, directeur général d'Apollo, de Gary Lauder, investisseur en capital-risque, de Daniel Loeb et Paul Singer, gestionnaires de fonds spéculatifs, de Bernard Marcus, cofondateur de Home Depot et président fondateur de l'Institut israélien de la démocratie.

En outre, Rowan figure au 31e rang avec Harris, l'un des fondateurs d'Apollo, dans la liste des 50 juifs les plus influents de 2021 dressée par le journal Jerusalem Post publié en Israël.


Marc Rowan est président du conseil d'administration de la Fédération de New-York de l'Appel juif unifié (UJA). L'UJA défend les intérêts des Juifs dans le monde entier et à New York. La collecte de fonds organisée par l'UJA le 5 décembre, au cours de laquelle Marc Rowan a participé, a permis de récolter 45 millions de dollars.


Il a également dirigé la marche de l'UJA "Solidarité avec Israël" à New York le 6 novembre, qui a permis de récolter 150 millions de dollars.


Marc Rowan, personnalité influente dans le domaine financier et politique aux États-Unis, a appelé les donateurs à suspendre leur soutien à l'université jusqu'à la démission d'Elizabeth Magill, à la suite du refus de cette dernière d'annuler le festival littéraire palestinien du 22 au 24 septembre, conjugué à son intervention devant le Congrès américain.


Pression des donateurs milliardaires de la Wharton School


D'éminents anciens élèves de la Wharton School of Business de l'université de Pennsylvanie comptent parmi les plus grands donateurs de l'université. En raison de son financement et de son prestige, Wharton a la possibilité d'influencer de nombreuses activités de cette université.


"En raison des convictions exprimées par l'administration de l'université et de l'inaction collective, le conseil vous informe respectueusement que l'université a besoin d'un nouvel administrateur immédiatement"
, a écrit le conseil consultatif de Wharton Elizabeth Magill, dans une correspondance.

Cette correspondance faisait référence aux déclarations d'Elizabeth Magill devant le Congrès américain. Le conseil, critique à l'égard de la rectrice, comprend de nombreux milliardaires, dont Rowan, Josh Harris, Alex Gorsky, Jeff Blau, David Blitzer et Scott Mills.


Démission d'Elizabeth Magill


Le 8 décembre, l'administration de l'université a été menacée par le donateur Ross Stevens de retirer sa donation de 100 millions de dollars au motif que le campus
"ne réagissait pas de manière appropriée aux incidents antisémites".

Elizabeth Magill, Claudine Gay, rectrice de l'université de Harvard, et Sally Kornbluth, rectrice du MIT, ont été convoquées à une audition du Congrès américain le 5 décembre pour répondre à des questions concernant leur approche des incidents antisémites survenus sur les campus universitaire.


Les trois rectrices avaient déclaré lutter contre la montée de la haine antimusulmane et de toutes les formes de haine.


Dans leurs premiers discours, les recteurs ont, toutefois, condamné l'attaque du Hamas et les incidents antisémites sur le campus, parlé de leur politique en matière de liberté d'expression et déclaré leur volonté de se mettre immédiatement au travail et de lutter à long terme contre toutes les formes de haine.


Dans un communiqué annonçant sa démission et celle Magill, le président du conseil d'administration de l'université de Pennsylvanie, Scott Bok a écrit:


Après avoir témoigné devant le Congrès, il est apparu clairement que le poste de Magill n'était plus viable. Elle et moi avons décidé ensemble qu'il était temps pour elle de partir.

L'université a, par la suite, annoncé que Magill resterait membre permanent de la faculté de droit Carey et qu'elle occuperait le poste jusqu'à la désignation d'un recteur intérimaire.

La députée républicaine, Elise Stefanik.

"Un de moins, deux de plus. Ce n'est que le début de la lutte contre l'antisémitisme omniprésent qui détruit les établissements d'enseignement supérieur américains les plus 'prestigieux'"
, avait lancé sur la plateforme X la députée républicaine Elise Stefanik, qui siège à la commission.

Elise Stefanik a estimé que la démission de Magill était
"la moindre des choses"
et a appelé Harvard et l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) à prendre des mesures similaires.

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