Le flou qui entoure les termes comme 'entrisme' ou 'islamisme' crée aujourd'hui un climat où plus aucun citoyen musulman ne se sent à l'abri de la suspicion, selon le CFCM
Le conseil français du culte musulman (CFCM) condamne "le harcèlement médiatico-politique dont sont victimes les femmes musulmanes portant un voile", dans un communiqué de presse publié mercredi.
"Cette campagne permanente, délétère et stigmatisante, alimente les tensions et fragilise la cohésion nationale"
et
"expose ces femmes à des formes croissantes d'insécurité, d'agressions verbales comme physiques, devenues une réalité quotidienne pour un nombre grandissant de citoyennes que la République se doit pourtant de protéger"
, écrit l'instance musulmane.
Dénonçant les accusations formulées par plusieurs figures du gouvernement qui évoquent une volonté
"de communautarisme ou d'entrisme",
le CFCM estime que
"ces femmes sont devenues, dans notre pays, une cible facile, érigée en bouc émissaire de nombreux maux de notre société"
.
"Mais vouloir sans cesse légiférer pour effacer la visibilité religieuse d'une seule composante de notre pays est non seulement contraire au principe d'égalité de traitement mais aussi au principe même de laïcité"
, met en garde l'organisation musulmane.
Et de poursuivre:
"Le flou qui entoure les termes comme 'entrisme' ou 'islamisme' crée aujourd'hui un climat où plus aucun citoyen musulman ne se sent à l'abri de la suspicion. Au nom d'une laïcité dévoyée, on glisse sans retenue d'un débat sur le voile dans le sport à la rupture du jeûne pendant un match, voire à la soi-disant pénurie d'œufs attribuée au Ramadan"
.
Pour conclure, le CFCM appelle
"à la raison, à la retenue et au sens des responsabilités"
car ces
"sujets, trop souvent instrumentalisés, ne doivent pas devenir le terrain de jeux idéologiques, médiatiques et d'opportunisme politique au détriment de la cohésion nationale, de la sécurité, de l'intégrité et du respect des libertés de chacun, et à fortiori des femmes quels que soit leurs choix de vie"
.
Cette prise de position intervient alors que les débats politiques français sont focalisés depuis plusieurs semaines sur les femmes voilées qui souhaitent faire du sport en compétition.
Alors que le Sénat a adopté une disposition visant à interdire le foulard dans le sport, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et le ministre de la Justice, Gérald Darmanin se sont dit favorables à cette mesure, provoquant une passe d'armes avec la ministre des Sports Marie Barsacq qui mettait en garde contre les amalgames.
Pour mettre un terme à la cacophonie provoquée par la diversité des positions au sein même du gouvernement, le Premier ministre François Bayrou a convoqué les ministres concernés pour un rappel à l'ordre mardi 18 mars.
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