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France: L'imam Mahjoub Mahjoubi interpellé en vue d'une possible expulsion

Suite à un discours contre le nationalisme prononcé lors d'un prêche, l'imam Mahjoubi a été arrêté en vue d'une éventuelle expulsion.

La rédaction
17:51 - 22/02/2024 jeudi
MAJ: 18:25 - 22/02/2024 jeudi
Yeni Şafak
L'imam Mahjoub Mahjoubi, interpellé en vue d'une possible expulsion.
Crédit Photo : Livre noir / X
L'imam Mahjoub Mahjoubi, interpellé en vue d'une possible expulsion.
Le récent incident impliquant l'imam Mahjoub Mahjoubi a semé la discorde, déclenchant une série de réactions passionnées sur les plateaux télévisés français. La cause de cette agitation est la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo dans laquelle l'imam qualifie le
"drapeau tricolore"
de
"satanique"
sans
"valeur auprès d'Allah"
.

La polémique éclate, et l'imam se défend. Celui-ci donnait un prêche sur l'eschatologie musulmane, une discipline qui explique la vision musulmane sur la fin des temps, durant laquelle l'humanité sera unifiée sous un seul drapeau.


Il précise que le discours intervenait en période de coupe d'Afrique des nations, durant laquelle de nombreux jeunes d'origine africaine se querellent et s'insultent pour défendre le drapeau d'un pays dans lequel ils ne vivent pas.

L'imam précise qu'à aucun moment il n'a cité le drapeau français, s'excuse si ses propos ont été mal interprétés, justifie qu'il a toujours appelé à respecter les lois de la République. Rien n'y fait. Dans un pays où l'extrême droite est la seconde force politique et où les ministres de l'Intérieur qui se succèdent œuvrent tous à appliquer son programme, les explications ne convainquent pas. Surtout en période électorale.


Ainsi, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a appelé au retrait du titre de séjour de l'imam en vue de son expulsion, invoquant des motifs liés à l'apologie du terrorisme, suite à la diffusion de la vidéo du prêche incriminé.

Selon les dernières informations, Mahjoub Mahjoubi a été appréhendé à son domicile de Bagnols-sur-Cèze, dans le département du Gard. Il a ensuite été transféré vers un centre de rétention administrative en région parisienne en vue d'une possible expulsion. Cette démarche a été confirmée par son avocat, Samir Hamroun, qui, tout comme son client, a exprimé son choc face à cette situation.


Procédure hasardeuse


Cependant, la démarche souhaitée par le ministre de l'Intérieure s'avère autant complexe qu'hasardeuse. En effet, l'imam Mahjoubi dispose d'un titre de séjour valable jusqu'en 2029, et que la législation en vigueur stipule qu'un étranger ne peut être expulsé que s'il représente une
"menace grave pour l'ordre public"
.

Or, expliquer que le nationalisme est une mauvaise chose, à l'heure de l'élargissement de Europe dans un pays où les courants nationalistes sont systématiquement pointés du doigt, ne peut constituer une quelconque menace.
De plus, l'imam Mahjoubi réside en France depuis plus de vingt ans, son épouse également, et ses enfants sont titulaires de la nationalité française.

En outre, les services de place Beauvau devraient prouver que l'imam Mahjoubi a commis une quelconque apologie du terrorisme. Or, l'Imam Mahjoubi n'a fait que citer des passages d'eschatologie. Et quand bien même les autorités souhaiteraient s'attarder sur le fameux passage concernant le
"drapeau tricolore"
, dénigrer un drapeau n'est pas un crime, pas même un délit, dans la loi française. A ce titre, les Royalistes et les mouvements catholiques proches des Vendéens n'ont jamais été condamnés pour leur opinion relative à ce qu'ils considèrent n'être que le drapeau de la Révolution française.

Double standard


Cette situation soulève donc des débats quant à la proportionnalité de la décision d'expulsion envisagée. Elle met en lumière également le double-standard dans la France de Charlie et de la prétendue liberté d'expression. Une France où l'insulte au sacré est érigée en valeur nationale, mais où un imam est menacé d'expulsion par les plus hautes autorités de l'Etat quand il s'exprime sur un drapeau.


Cette même France où d'autres personnes en revanche, peuvent librement insulter le peuple français en toute impunité, sans craindre ni polémique, ni poursuites. A l'instar du rabbin franco-israélien David Touitou, plus connu sous le nom de Rav Touitou, qui s'adressant à des juifs francophones qualifie la France de pays
"pourri"
,
"de l’hypocrisie"
, d’où
"peuvent sortir les plus grandes pourritures de l’histoire de l’humanité".


Le Rav Touitou n’a jamais été inquiété par les autorités pour ses propos. A ce titre, sa dernière vidéo en ligne interdit la consommation du pain des français non-juifs, car il ne serait
"pas pur"
et constituerait un risque d'être
"en proximité" avec des non-juifs.

Il ne s'appelle pas Mahjoubi, et il n'est pas imam.


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