
De Haïfa à Bethléem, les chrétiens palestiniens ont célébré Noël sous la répression policière, les raids militaires et l’asphyxie économique imposées par Israël. Arrestations, chômage massif et violences en Cisjordanie ont marqué une fête censée incarner la paix. À Bethléem, le patriarche Pierbattista Pizzaballa a appelé à la résilience, tandis que l’exil s’accélère. Cette réalité met en lumière les contradictions d’un Occident se réclamant d’une "civilisation judéo-chrétienne" tout en abandonnant les chrétiens palestiniens.
Noël sous répression israélienne, une foi palestinienne assiégée
Les célébrations de Noël en Palestine et à l’intérieur d’Israël se sont déroulées cette année sous le signe de la violence, de la répression et du traumatisme persistant de la guerre contre Gaza. Pour les chrétiens palestiniens, la fête de la Nativité n’a pas été un moment de paix, mais un acte de résistance face à l’occupation, à la surveillance et à la force militaire.
À Haïfa, dans le quartier chrétien palestinien de Wadi al-Nisnas, les festivités ont basculé dans le chaos lorsque la police israélienne est intervenue brutalement. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des arrestations violentes et des passages à tabac de résidents, y compris à proximité de familles venues célébrer Noël.
Ces scènes, survenues lors d’une fête chrétienne majeure, interrogent directement le récit dominant d’une prétendue "civilisation judéo-chrétienne" que les dirigeants occidentaux invoquent régulièrement pour légitimer leur soutien politique et militaire à Israël.
Bethléem étouffée, symbole d’un christianisme sous occupation
Mais derrière ces paroles, la réalité est implacable. Selon les autorités locales, près de 80 % des habitants de Bethléem dépendent du tourisme, aujourd’hui quasiment inexistant. Le chômage est passé de 14 % à 65 %, conséquence directe des restrictions israéliennes et de l’asphyxie économique imposée à la ville.
La rareté des pèlerins étrangers illustre l’isolement croissant des villes palestiniennes, coupées du reste du monde par des checkpoints, des permis arbitraires et un contrôle militaire permanent.
"Ce Noël révèle l’hypocrisie occidentale"
Pour Georgette Jackaman, guide touristique issue d’une famille chrétienne enracinée à Bethléem depuis plusieurs générations, ce Noël avait une signification particulière. C’était la première célébration véritable pour ses deux enfants.
Avec son mari, elle a lancé une plateforme en ligne pour vendre de l’artisanat palestinien et soutenir des familles privées de revenus par la guerre et les fermetures.
En Cisjordanie, la disparition progressive des chrétiens
Malgré l’annonce d’un cessez-le-feu à Gaza en octobre, la violence israélienne se poursuit en Palestine occupée. Les forces israéliennes mènent des raids quasi quotidiens, tandis que les attaques de colons contre les Palestiniens atteignent des niveaux records, selon les Nations unies.
Les restrictions de circulation se sont encore durcies. Irene Kirmiz, venue de Ramallah pour assister au défilé traditionnel des scouts de Noël à Bethléem, raconte un parcours éprouvant. Un trajet de 40 minutes s’est transformé en plusieurs heures d’attente et de contrôles.
Selon les autorités locales, environ 4 000 habitants ont quitté Bethléem pour chercher du travail à l’étranger. Cette émigration accélère la disparition progressive des chrétiens palestiniens.









