
Pour la deuxième année consécutive, les chrétiens palestiniens ont célébré la fête de Pâques dans un climat de tristesse et sans festivités, alors que les attaques israéliennes contre la bande de Gaza et les territoires palestiniens occupés entrent dans leur 19e mois.
À Gaza, plusieurs dizaines de fidèles se sont rassemblés dans l’église historique Saint-Porphyrius, appartenant à la communauté grecque orthodoxe, située dans le vieux quartier de la ville. Cette église, frappée par une frappe israélienne le 19 octobre 2023 ayant causé la mort de 18 civils déplacés, a retransmis son office pascal en direct sur Facebook.
Comme le reste de la population de l’enclave, les chrétiens de Gaza subissent de lourdes épreuves depuis le début du conflit. Beaucoup ont trouvé refuge dans les rares églises encore debout, espérant y trouver protection et aide. Avant la guerre, environ 2 000 chrétiens vivaient à Gaza, majoritairement orthodoxes, mais ce nombre ne cesse de baisser en raison des pertes humaines et des déplacements forcés.
En Palestine occupée et à Jérusalem-Est, les célébrations pascales ont elles aussi été réduites à leur strict minimum. Les autorités israéliennes ont restreint l’accès à l’Église du Saint-Sépulcre, lieu saint majeur pour les chrétiens, empêchant de nombreux fidèles de s’y rendre. À Bethléem, Beit Sahour et Beit Jala, les offices se sont déroulés dans la sobriété, empreints de deuil, selon l’agence palestinienne Wafa.
Samedi, la police israélienne a brutalement bloqué l’entrée à l’Église du Saint-Sépulcre lors de la cérémonie traditionnelle du Saint-Feu, érigeant des postes de contrôle dans toute la vieille ville de Jérusalem. Des témoins ont signalé des agressions contre les fidèles.
Face à cette situation, les églises palestiniennes ont annulé les processions publiques, limitant les célébrations à des cérémonies en intérieur, marquées par la douleur et la solidarité envers Gaza.
Seuls quelques fidèles locaux et pèlerins ont pu participer aux rites de Pâques cette année encore, la majorité étant absente en raison des violences et des restrictions israéliennes.
Le révérend Munther Isaac, pasteur de l’Église évangélique luthérienne de Bethléem et Beit Sahour, a exprimé son inquiétude quant à la disparition progressive des communautés chrétiennes en Palestine. Dans un entretien avec l’agence Anadolu, il a mis en garde contre le risque d’“extinction” des chrétiens à Gaza et en Cisjordanie, face à ce qu’il qualifie de génocide et au durcissement des mesures israéliennes.
Depuis octobre 2023, plus de 51 200 Palestiniens ont été tués à Gaza, majoritairement des femmes et des enfants. En novembre 2024, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Par ailleurs, Israël est visé par une plainte pour génocide devant la Cour internationale de Justice concernant sa guerre contre l’enclave.