Les propos de Trump sur Gaza lors de la conférence de presse avec le Premier ministre israélien, criminel de guerre aux mains ensanglantées, Benjamin Netanyahu, en visite chez lui, ont, comme on pouvait s’y attendre, provoqué des indignations. Ce qu’il a dit n’est pas une parole réfléchie, ce n’est même pas une phrase sortie d’un esprit sobre. Les indignations qu’il a suscitées et les premières réactions des gens montrent qu’ils se sentent obligés de prendre Trump trop au sérieux simplement parce qu’il est président des États-Unis.
Ceux qui s’empressent de tenter de corriger ses propos sur Gaza pensent qu’en rectifiant une partie, ils pourront espérer rendre la phrase entière cohérente. Or, il n’y a aucune partie à corriger, rien à prendre au sérieux, aucun lien avec la réalité. Beaucoup de commentaires ont déjà été faits sur le fait qu’il considère Gaza avec un regard d’agent immobilier et qu’il est incapable de comprendre que les gens qui y vivent le voient comme une patrie.
Dès l’annonce du cessez-le-feu, le demi-million de Gazaouis qui se sont immédiatement mis en marche vers le Nord dans une marche héroïque avaient pour motivation de s’accrocher à leur terre. Trump, lui, prétend que ces gens restent à Gaza parce qu’ils n’ont nulle part où aller, et qu’ils partiraient si on leur offrait un autre endroit. Or, cette déclaration ne vient pas d’une ignorance du concept de patrie ni du sens spirituel d’un territoire, mais d’une pensée selon laquelle une telle motivation serait un luxe réservé aux seuls Juifs. Sinon, la même formule aurait pu être appliquée aux Israéliens : pourquoi insisteraient-ils tant pour rester sur un simple bout de terre, alors que des terres bien plus vastes et fertiles pourraient leur être attribuées en Alaska, au Canada ou dans n’importe quel État américain, et que le problème serait ainsi résolu à la racine ? Cette idée n’est jamais envisagée pour Israël, car on considère que cette terre est sacrée pour les Juifs, alors qu’on ne laisse même pas la possibilité qu’elle puisse l’être aussi pour les musulmans.
Que Trump le veuille ou non, les Gazaouis ont prouvé depuis 75 ans le prix qu’ils sont prêts à payer pour cette terre, et ces derniers 471 jours de guerre ont gravé cette réalité dans l’esprit du monde entier. Même après le cessez-le-feu, ceux qui ont vu un demi-million de personnes dont les maisons ont été complètement détruites reprendre le chemin du Nord ont compris la noblesse et la sacralité de la patrie, la force de s’y accrocher.
Pendant ce temps, au moins un million de colons israéliens, qui étaient venus s’installer en Palestine en raison de l’instabilité de leurs pays d’origine et en croyant au caractère sacré des terres promises par Israël, ont fini par rassembler leurs affaires et repartir. Cela prouve une chose : celui qui a démontré qu’il ne considère pas une terre comme un simple terrain vague, c’est bien le Palestinien.
La meilleure réponse à la question de savoir à quel point nous devons prendre au sérieux les propos de Trump sur Gaza est donnée par le peuple de Gaza lui-même. Les premières réactions recueillies montrent que la plupart des gens ont éclaté de rire en entendant ces paroles, suivies d’un “comment ça ?!” témoignant du niveau d’absurdité auquel ils sont confrontés. Malgré 471 jours de bombardements incessants, les Gazaouis ont tenu tête à l’armée sioniste massacreuse, et s’ils avaient continué à se battre, ils lui auraient fait encore plus de mal. Israël a été contraint de jeter l’éponge non seulement pour libérer des otages, mais aussi parce qu’il était épuisé par la guerre et qu’il voyait qu’il n’en tirerait aucun résultat.
Les Gazaouis n’ont pas seulement combattu Israël, ils ne l’ont pas seulement humilié. Ils ont aussi vaincu les États-Unis, et ce, avec des sandales aux pieds.
Les propos délirants de Trump sur Gaza, lorsqu’on les met en parallèle avec ceux qu’il a tenus sur l’annexion du Groenland, du Canada ou du canal de Panama, révèlent un tout autre langage, une toute autre logique, un tout autre personnage. Et lorsqu’il a inclus l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie dans son plan imaginaire de réinstallation des Gazaouis, ces trois pays ont immédiatement réagi, suscitant des interrogations sur les véritables intentions de Trump. S’il n’était pas président des États-Unis, personne ne s’attarderait une seconde sur ces fantasmes. Pourtant, on leur accorde une valeur tactique et stratégique immense. En lançant le débat, il habitue tout le monde à l’idée, il pousse chacun à se positionner contre, et au bout du compte, il prépare le monde à accepter que l’impossible devienne possible. Faut-il dire autant d’absurdités pour atteindre un tel objectif ? Celui qui profère autant d’inepties peut-il regagner en crédibilité et en fiabilité ?
Par exemple, l’Arabie saoudite était peut-être, en temps normal, l’acteur le plus disposé à travailler avec Trump dans la région. Pourtant, elle a été la première à lui répondre fermement en déclarant qu’elle soutenait de manière "ferme et inébranlable" la création d’un État palestinien indépendant. Peut-on considérer cela comme une victoire pour Trump et ses plans fantaisistes ?
L’Égypte et la Jordanie ont fait des déclarations similaires. En réalité, ce que Trump a provoqué, c’est peut-être le renforcement d’un nouveau bloc international face aux États-Unis, qui soutiennent Israël de manière inconditionnelle et sont complices de ses crimes.
Trump avait déjà imposé à l’Arabie saoudite un investissement de 400 milliards de dollars, montant que MBS avait lui-même porté à 600 milliards. Ensuite, il a encore forcé la main pour atteindre 1 000 milliards. Peut-on vraiment faire confiance à une telle alliance avec Trump ? Jusqu’où peut-on tolérer une relation aussi déséquilibrée ? Quel avantage pourrait-elle encore apporter ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces fantasmes absurdes ne donneront aucun avantage aux États-Unis, ni à Gaza ni ailleurs dans le monde. Un personnage aussi incohérent et imprévisible poussera tous ses alliés à faire un calcul coût-bénéfice et à s’en éloigner rapidement.
Qui sait, peut-être que Trump a un rôle à jouer dans l’allègement du prestige des États-Unis, qui pèsent sur le monde comme un fardeau ? Même si nous savons bien que ce n’est pas son intention…
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