Afrique du Sud: l'ex-présidente du Parlement arrêtée et inculpée pour corruption

15:454/04/2024, jeudi
MAJ: 4/04/2024, jeudi
AFP
La Présidente démissionnaire de l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud, Nosiviwe Mapisa-Nqakula.
Crédit Photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
La Présidente démissionnaire de l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud, Nosiviwe Mapisa-Nqakula.

L'ex-présidente du Parlement en Afrique du Sud a été inculpée jeudi de treize chefs de corruption et blanchiment dans le cadre d'une affaire qui a ressurgi à moins de deux mois d'élections cruciales pour l'ANC au pouvoir dont elle est une figure.

Nosiviwe Mapisa-Nqakula, 67 ans, nommée à la tête du Parlement en 2021 et membre du tout-puissant Comité exécutif national (NEC) du Congrès national africain (ANC) qui règne sur le pays depuis la fin de l'apartheid, a été présentée à un tribunal de Pretoria à la mi-journée.


Quelques heures plus tôt, elle avait été arrêtée après s'être présentée d'elle-même dans un commissariat au sud de Pretoria. La mine sombre et vêtue d'un tailleur en tissu traditionnel, elle a fait valoir son droit au silence au tribunal.


"Mme Mapisa-Nqakula doit répondre de douze chefs d'accusation de corruption et d'un chef de blanchiment d'argent"
, a déclaré au tribunal le représentant du parquet national sud-africain (NPA), Bheki Manyathi. Le parquet a affirmé au tribunal qu'il ne s'opposerait pas à une mise en liberté sous caution de Mme Mapisa-Nqakula.

Elle était sous la menace d'une arrestation depuis plus de deux semaines, les enquêteurs ayant déjà procédé à une perquisition à son domicile dans un quartier cossu de Johannesburg.

Mme Mapisa-Nqakula avait déposé après cette fouille une requête en urgence pour empêcher une arrestation qu'elle estimait
"illégale"
au vu des preuves
"minces"
rassemblées contre elle. Mais ce recours a été rejeté mardi par la justice.

La juge, siégeant dans un tribunal de Pretoria, a souligné qu'un suspect ne peut
"invoquer la faiblesse des charges retenues et empêcher son arrestation"
et noté
"l'indulgence"
des autorités qui lui ont laissé du temps depuis la perquisition.

"Elle doit être présentée devant un tribunal de Pretoria"
dans la journée, a indiqué Henry Mamothame, porte-parole du parquet national sud-africain, confirmant l'arrestation de Mme Mapisa-Nqakula tôt dans la matinée.

Selon M. Mamothame, une douzaine de chefs d'accusation de corruption et de blanchiment pourraient être retenus contre elle.


Nosiviweme Mapisa-Nqakula, 67 ans, est accusée d'avoir perçu d'importantes sommes d'un contractant militaire lorsqu'elle était ministre de la Défense (2014-2021).

"Je suis innocente"


La veille de son arrestation, la présidente du Parlement a présenté sa démission. Elle a déclaré quitter ses fonctions afin de préserver l'intégrité de l'institution et se concentrer sur l'enquête ouverte contre elle.



Dans sa lettre de démission elle a expliqué:


Compte tenu de la gravité des accusations très médiatisées dont je fais l'objet, je ne peux pas continuer à ce poste au Parlement.

Elle a insisté sur le fait que son retrait n'était
"en aucun cas une indication ou un aveu de culpabilité",
assurant:

Je maintiens que je suis innocente et je suis déterminée à rétablir ma réputation.

Mme Mapisa-Nqakula s'était déjà mise en
"congé spécial"
au lendemain de la perquisition de son domicile.

Cette affaire survient à moins de deux mois d'élections particulièrement à risques pour l'ANC, en perte de popularité notamment en raison d'une image entachée par les affaires de corruption et un climat socio-économique morose.

Les Sud-Africains sont appelés aux urnes le 29 mai pour renouveler leur Parlement, qui désignera le prochain président. Selon les enquêtes d'opinion, le parti historique risque pour la première fois de perdre la majorité absolue.


Après la perquisition, l'ANC a sobrement déclaré avoir l'intention de
"laisser la justice suivre son cours"
. Le parti a ensuite indiqué, à l'annonce de la démission de Mme Mapisa-Nqakula,
"apprécier"
la volonté de cette dernière de
"préserver l'image de notre organisation".

Les partis d'opposition, dont l'Alliance démocratique (DA) et les Combattants de la liberté économique (Economic Freedom Fighters, EFF, gauche radicale), se sont unanimement félicités de cette démission.


"Les personnes chargées de diriger et représenter l'Afrique du Sud doivent être à la hauteur de la tâche",
a martelé la DA.

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