Au Brésil, l'avenir judiciaire de Bolsonaro entre les mains de la Cour suprême

16:3625/03/2025, Salı
AFP
L'ancien président du Brésil Jair Bolsonaro (2019-2022) arrive à l'aéroport de Brasilia le 25 mars 2025. La Cour suprême du Brésil déterminera le 25 mars 2025 si l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro doit être jugé pour avoir prétendument organisé une tentative de coup d'État après avoir perdu les élections en 2022.
Crédit Photo : Sergio Lima / AFP
L'ancien président du Brésil Jair Bolsonaro (2019-2022) arrive à l'aéroport de Brasilia le 25 mars 2025. La Cour suprême du Brésil déterminera le 25 mars 2025 si l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro doit être jugé pour avoir prétendument organisé une tentative de coup d'État après avoir perdu les élections en 2022.

La Cour suprême brésilienne a débuté ses débats mardi pour décider de l'ouverture ou non d'un procès contre l'ex-président d'extrême-droite Jair Bolsonaro, pour un projet présumé de coup d'Etat, qui pourrait lui valoir une lourde peine de prison.

Le parquet accuse M. Bolsonaro, 70 ans, d'avoir été le leader d'une
"organisation criminelle"
qui aurait conspiré de longue date pour empêcher le retour au pouvoir du président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, vainqueur contre lui de l'élection de 2022.

L'ancien chef de l'Etat (2019-2022) est arrivé peu avant l'ouverture de la session et s'est assis au premier rang avec son avocat, face aux magistrats.

Il encourt une peine cumulée pouvant dépasser les 40 ans de prison, mais se dit victime de la
"plus grande persécution politico-judiciaire de l'histoire du Brésil"
, comme il l'a écrit dans un communiqué mardi matin.

"Ils m'accusent d'un crime que je n'ai pas commis"
, a-t-il ajouté, alors qu'il espère encore se présenter à la présidentielle de 2026, malgré son inéligibilité actuelle.

Au total, 34 personnes ont été inculpées en février, dont plusieurs ex-ministres et des militaires de haut rang.

Cinq des onze juges de la Cour suprême doivent évaluer s'ils disposent d'éléments suffisants pour ouvrir un procès pénal contre Jair Bolsonaro et sept autres inculpés, tous soupçonnés d'avoir fait partie du "noyau crucial" du complot présumé.


La décision des magistrats pourrait être annoncée dès mardi, ou mercredi, selon la durée des débats au siège de la Cour suprême à Brasilia, où la sécurité a été renforcée.


Le premier à se prononcer sera Alexandre de Moraes. Honni du camp Bolsonaro, ce puissant juge est en charge de plusieurs dossiers concernant l'ex-président.


Selon le parquet, les velléités putschistes de Jair Bolsonaro et de ses proches collaborateurs ont commencé à se manifester bien avant le scrutin d'octobre 2022, avec une tentative pour semer le discrédit sur le système d'urnes électroniques en vigueur au Brésil.

Après l'échec de l'ex-président à se faire réélire, le plan présumé aurait prévu l'élaboration d'un décret prévoyant la convocation d'un nouveau scrutin, mais aussi l'assassinat de Lula, de son vice-président Geraldo Alckmin et du juge Moraes.


Le coup d'Etat n'a finalement pas eu lieu, faute de soutien de membres du haut commandement militaire, selon le ministère public.


"Procès politique"


L'accusation s'appuie sur un rapport d'enquête de près de 900 pages de la police fédérale.


Ce rapport mentionne également les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia. Une semaine après l'investiture de Lula, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient envahi et saccagé les bâtiments de la Cour suprême, du Parlement et du palais présidentiel.


Ces images avaient rappelé l'assaut du Capitole à Washington deux ans plus tôt par des partisans de Donald Trump.

M. Bolsonaro, qui se trouvait aux Etats-Unis ce jour-là, balaie toutes les accusations qui pèsent contre lui et fustige un
"procès politique".

La défense des accusés a réclamé en vain la récusation de trois des cinq juges qui se réuniront mardi.


Parmi ces magistrats, Alexandre de Moraes, figure influente et clivante au Brésil, en charge du dossier Bolsonaro au sein de la Cour suprême. Les avocats estiment que son
"intérêt personnel"
est en jeu, dans la mesure où il aurait été visé par une supposée tentative d'assassinat.

Le troisième fils de l'ancien président, Eduardo Bolsonaro, a annoncé qu'il se mettait temporairement en retrait de son mandat de député pour s'installer aux Etats-Unis et y dénoncer
"l'acharnement totalitaire"
du juge Moraes.

"Déni de démocratie"


Inéligible jusqu'en 2030 en raison de ses attaques sans preuves contre les urnes électroniques, Jair Bolsonaro espère encore voir cette sanction annulée ou réduite pour lui permettre d'être candidat en 2026.


L'ex-président compare souvent sa situation à celle de Donald Trump, de retour à la Maison Blanche malgré ses démêlés avec la justice. Il espère que le président américain, sa référence politique majeure, jouera de son
"influence"
en sa faveur.

Le 16 mars à Rio de Janeiro, M. Bolsonaro a affirmé face à des milliers de partisans que son absence du scrutin en 2026 serait un
"déni de démocratie"
. Ce rassemblement avait toutefois connu une affluence moins importante que de précédentes manifestations du même genre.

La prochaine présidentielle est également marquée par l'incertitude à gauche. Lula, dont la popularité est plombée par l'inflation, n'a pas levé le voile sur ses intentions.


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