France / Grenoble : des conducteurs de bus musulmans affirment être victimes d’actes islamophobes répétés

La rédaction avec
13:1626/12/2025, Cuma
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Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), qui recense un spectre plus large de faits islamophobes (discriminations, discours, violences), a comptabilisé 1 037 cas en 2024, contre 828 en 2023, soit une augmentation de plus de 25 %.
Crédit Photo : @Ilangabet / X
Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), qui recense un spectre plus large de faits islamophobes (discriminations, discours, violences), a comptabilisé 1 037 cas en 2024, contre 828 en 2023, soit une augmentation de plus de 25 %.

Des salariés musulmans de la société de transports publics grenobloise M Tag subissent depuis plusieurs années des actes islamophobes répétés, parfois violents, de la part de certains collègues, selon des témoignages recueillis par le journal d'information numérique indépendant, Mediapart et le syndicat CGT.

Depuis 2022, ces incidents incluent l’envoi de colis à caractère raciste et religieux, comme un bulletin électoral ciblant Marine Le Pen, une oreille de porc ou un morceau de saucisson accompagné de menaces et de symboles nazis.


Les victimes, conducteurs et contrôleurs, dénoncent un climat de haine qui perdure malgré des plaintes déposées au commissariat ou à la gendarmerie et malgré les communiqués de la direction condamnant les faits. Les enquêtes internes n’ont, selon les salariés, donné aucun résultat concret et les sanctions prises ont été jugées insuffisantes, se limitant à des rappels au règlement.

Le syndicat CGT dénonce un
"climat hostile"
et réclame des mesures plus fermes, notamment des sanctions proportionnées et un suivi systématique des signalements de discrimination.


Les femmes musulmanes sont particulièrement concernées


Parmi les victimes, certaines portent les séquelles psychologiques de ces actes répétés.
"Ce sont nos collègues, ceux avec qui on partage un café le matin, avec qui on rigole… et au fond, ils nous haïssent depuis tout ce temps"
, témoigne Safia*, conductrice depuis plus de dix ans. Aziz*, autre salarié ciblé, a été placé en arrêt maladie longue durée après avoir reçu un colis raciste et menaçant.

Le problème va au-delà de M Tag. Selon l’enquête "Accès aux droits" du Défenseur des droits publiée en 2024, 28 % des musulman·es interrogé·es ont déclaré avoir été discriminé·es au travail au cours des cinq dernières années, contre 15 % des chrétien·nes. Les femmes musulmanes sont particulièrement concernées, avec 34 % d’entre elles ayant subi des discriminations.


La direction de M Tag, interrogée à plusieurs reprises par Mediapart, n’a pas souhaité réagir aux accusations concernant la gestion de ces incidents. Le syndicat CGT a récemment déposé une nouvelle plainte pour
"dégradation volontaire d’un bien avec circonstance aggravante liée à la religion"
après que des tapis de prière ont été jetés dans des poubelles et souillés dans un dépôt de l’entreprise.

Ces révélations interviennent dans un climat marqué par une forte recrudescence d’actes hostiles à l’encontre des personnes de confession musulmane.


Le rapport 2024 de la Défenseure des droits


Selon le ministère français de l’Intérieur, 145 actes antimusulmans ont été recensés sur les cinq premiers mois de l’année 2025, contre 83 à la même période en 2024, soit une progression de 75 %. Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE), qui recense un spectre plus large de faits islamophobes (discriminations, discours, violences), a comptabilisé 1 037 cas en 2024, contre 828 en 2023, soit une augmentation de plus de 25 %.

Le rapport 2024 de la Défenseure des droits, récemment publié, vient renforcer ce constat. Il révèle qu’un tiers des personnes se déclarant musulmanes ou perçues comme telles affirment avoir été victimes de discriminations, notamment dans l’emploi, les services publics ou l’accès au logement.


Cette proportion, en augmentation continue depuis 2016, s’accompagne d’un faible recours aux mécanismes de plainte : moins d’une victime sur quatre engage des démarches pour faire valoir ses droits.


L’institution dénonce également une mauvaise compréhension du principe de laïcité, souvent invoqué à tort pour justifier des atteintes aux libertés religieuses.


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