
Pour que la parole des enfants soit davantage prise en compte par la classe politique, la numéro un d'Unicef France plaide pour l'abaissement de l'âge de vote à 16 ans, contre 18 actuellement, et ce dès les prochaines élections municipales de mars 2026.
Projet "populiste" de réforme de la justice des mineurs, "nombre record" d'enfants à la rue, aide sociale à l'enfance dans un état "épouvantable": la politique de l'enfance en France n'est pas "digne d'un pays développé", estime la présidente d'Unicef France Adeline Hazan dans un entretien à l'AFP.
A une semaine de la reprise de l'examen au Parlement français de la réforme de la justice des mineurs, la cheffe de l'agence onusienne à Paris alerte sur un texte qui
"contrevient totalement à tous les principes"
et viole de manière
"spectaculaire" l
a Convention internationale des droits des enfants.
"Un des principes de la justice des mineurs c'est qu'un mineur ne peut être jugé comme un majeur"
, souligne Mme Hazan. En France, la majorité est fixée à 18 ans.
Or, ajoute-t-elle, le texte porté par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal
"renverse cette logique"
en prévoyant de ne plus appliquer d'atténuation des peines, sauf décision motivée du juge, pour des mineurs âgés de 16 ans et plus, auteurs de faits graves et multirécidivistes.
La possibilité d'envoyer en comparution immédiate, c'est-à-dire de juger la personne directement à la fin de sa garde à vue, sans délai, des mineurs de 16 à 18 ans serait quant à elle
"inacceptable"
et
"inadmissible",
ajoute l'ancienne juge des enfants, pointant le risque d'une
"justice d'abattage"
.
"On anéantit, on viole des principes qui sont sacrés, qui sont les piliers de la justice des mineurs"
, martèle-t-elle, dénonçant un texte
"populiste".
Au-delà de cette réforme, la présidente d'Unicef France déplore que :
La situation des enfants en France n'est pas digne d'un pays développé et riche comme la France.
"On a un cinquième des enfants en situation de pauvreté, au moins 42.000 enfants qui n'ont pas de toit sur la tête, plus de 2.000 qui sont carrément dans la rue, encore beaucoup d'enfants qui ne vont pas à l'école",
énumère-t-elle.
Quant à la protection de l'enfance, elle est dans un
"état épouvantable":
"On ne peut pas accepter que 3.000 décisions du juge des enfants estimant qu'il faut retirer l'enfant à la famille parce qu'il est en grand danger ne soient pas appliquées, ce n'est pas possible".
Joignant sa voix à d'autres associations de défense des droits des enfants, Adeline Hazan appelle à une
"véritable stratégie de réorganisation de l'aide sociale à l'enfance"
avec une aide accrue de l'Etat aux collectivités territoriales pour leur permettre de relever les défis actuels. En France, la protection de l'enfance relève de la compétence des départements.
"Faillite de l'Etat"
"Faillite de l'Etat"
Concernant la restriction du droit du sol à Mayotte, une île française de l'océan Indien, prévue dans un texte qui sera examiné au Sénat fin mars, cette mesure va conduire à
"beaucoup plus d'errance, de précarité"
dans un archipel où la situation des droits des enfants est déjà
"dramatique"
.
Or, ne pas agir pour les enfants est une bombe à retardement, prévient Adeline Hazan.
"Ce n'est pas juste une histoire de confort, d'être mal logé, ou de vivre dans un environnement pollué, c'est que le cerveau va avoir des carences. Qu'un État ne prenne pas ça en considération, c'est absolument incroyable. (...) Il s'agit des adultes de demain".
A l'heure où la question de la prise en compte de la parole des enfants ressurgit avec plusieurs affaires médiatiques d'agressions sexuelles et de viols sur des enfants, elle pointe une
"insuffisance de l'Etat à entendre et prendre en compte cette parole".
Pour que la parole des enfants soit davantage prise en compte par la classe politique, la numéro un d'Unicef France plaide pour l'abaissement de l'âge de vote à 16 ans, contre 18 actuellement, et ce dès les prochaines élections municipales de mars 2026.
A 16 ans,
"un mineur a déjà le droit de conduire, de reconnaître un enfant, de créer une société, de travailler, etc. On devrait, pour l'inciter à voter plus tard lui accorder le droit de vote",
souligne-t-elle.
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