
Les discussions sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie ont débuté mardi 4 février à Paris, réunissant les représentants des différentes forces politiques du territoire autour du ministre des Outre-mer, Manuel Valls. L'enjeu est majeur: sortir de l'impasse politique dans laquelle l'archipel est plongé depuis l'échec du dernier référendum d'autodétermination en 2021 et les émeutes meurtrières de mai 2024.
Des divergences irréconciliables
Six délégations calédoniennes, représentant l'ensemble des forces politiques siégeant au Congrès de Nouvelle-Calédonie, participent aux discussions, qui doivent se poursuivre jusqu'au 15 février.
Les indépendantistes arrivent affaiblis et divisés. Le FLNKS a récemment élu à sa tête Christian Tein, actuellement incarcéré en métropole pour son rôle présumé dans les émeutes de 2024. Cette nomination est perçue comme une provocation par les loyalistes, qui y voient la preuve que le camp indépendantiste refuse tout compromis.
L'ombre de l'accord de Nouméa et la crise électorale
Au cœur des discussions, l'accord de Nouméa, signé en 1998, reste un point de tension. Ce texte de décolonisation a permis un large transfert de compétences à la Nouvelle-Calédonie, mais n'a pas permis de trancher définitivement la question de l'indépendance.
L'autre enjeu majeur est le report des élections provinciales, initialement prévues en mai 2024. Ce scrutin est crucial car il façonne les rapports de force au sein du gouvernement local et du Congrès de Nouvelle-Calédonie. Mais le gel du corps électoral, mis en place en 1998 pour préserver l'équilibre entre les différentes communautés, est contesté par les loyalistes, qui réclament son élargissement. Cette revendication a conduit aux violences de 2024 et reste une ligne rouge pour les indépendantistes.
Une économie exsangue et un territoire en quête de stabilité
Au-delà des questions politiques, la Nouvelle-Calédonie fait face à une crise économique majeure. Les émeutes de 2024 ont ravagé le tissu commercial et industriel du territoire, et la reconstruction nécessitera plusieurs milliards d'euros.
Manuel Valls et le gouvernement jouent une carte délicate : relancer un processus institutionnel sans raviver les braises d'un conflit qui, après plus de trente ans d'accords successifs, menace de redevenir une poudrière.