Sénégal: le gouvernement annonce de possibles poursuites judiciaires après le rapport de la Cour des comptes

12:1814/02/2025, vendredi
AFP
Le ministre sénégalais de la Justice et Garde des Sceaux Ousmane Diagne et le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko.
Crédit Photo : SEYLLOU / AFP
Le ministre sénégalais de la Justice et Garde des Sceaux Ousmane Diagne et le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko.

Le gouvernement sénégalais a annoncé jeudi d’éventuelles poursuites judiciaires contre les responsables des "manquements graves" révélés dans le rapport de la Cour des comptes, qui invalide les chiffres officiels sous l’ex-président Macky Sall concernant la dette et le déficit budgétaire.

Des accusations de détournements et de falsifications


"L’exploitation du rapport a permis de relever des manquements graves qui pourraient revêtir diverses qualifications pénales"
, a déclaré le ministre de la Justice Ousmane Diagne lors d’une conférence de presse à Dakar. Parmi les infractions mentionnées figurent le
"faux en écriture"
, les
"détournements de deniers publics"
, le
"blanchiment d’argent"
et
"l’enrichissement illicite"
.

Selon le ministre, ces faits pourraient impliquer d’anciens ministres et directeurs généraux. Il a affirmé que
"toutes les mesures judiciaires nécessaires"
seront prises pour identifier les responsables et les traduire devant les juridictions compétentes.

Un déficit et une dette sous-évalués sous Macky Sall


La Cour des comptes, institution indépendante de contrôle, a indiqué que les faits révélés sont
"présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d’infractions à caractère pénal"
.

Le rapport met en lumière un encours de la dette atteignant 99,67 % du PIB, un taux bien supérieur à celui annoncé par l’ancien gouvernement. Le déficit budgétaire recalculé pour 2023 serait de 12,3 %, contre 4,9 % officiellement déclaré.

La Cour des comptes dénonce également l’existence d’une
"dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire" et "non retracée dans les comptes de l’État"
.

L’APR dénonce une "cabale politique"


L’Alliance pour la République (APR), ex-parti au pouvoir, a rejeté ces accusations qu’elle qualifie de
"grossières"
, dénonçant une
"machination politicienne". "À travers cette nouvelle cabale, le gouvernement avoue qu’il va échouer mais cherche à faire porter la responsabilité de son échec à d’autres"
, a affirmé l’APR dans un communiqué publié jeudi soir.

L’ancien parti au pouvoir conteste la méthodologie et la transparence du rapport, remettant en cause le respect du principe de contradiction.

Un dossier suivi de près par le FMI


Le rapport de la Cour des comptes intervient alors que le Premier ministre Ousmane Sonko avait, dès septembre, accusé le régime Sall d’avoir falsifié les chiffres des finances publiques.

En novembre, le Fonds monétaire international (FMI) avait suspendu son programme d’aide au Sénégal, attendant la validation du rapport d’audit par la Cour des comptes. Mercredi, un porte-parole du FMI a salué la publication du rapport, y voyant
"un engagement en faveur d’une plus grande transparence"
.

Le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, a promis une rupture avec le précédent système de gouvernance.

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