Sénégal: la Cour des comptes remet en cause des indicateurs de l'ex-pouvoir

11:2013/02/2025, jeudi
AFP
Vue générale des conteneurs au port de Dakar, le 23 janvier 2025.
Crédit Photo : PATRICK MEINHARDT / AFP
Vue générale des conteneurs au port de Dakar, le 23 janvier 2025.

Convaincue d'irrégularités dans la gestion des finances publiques au Sénégal entre 2019 et 2024, la Cour des comptes a publié mercredi un rapport accablant sur la période de l'ex-président Macky Sall. Ce document remet en cause les chiffres officiels, notamment sur la dette et le déficit budgétaire.

Persuadé d'une falsification des données, le Premier ministre Ousmane Sonko avait déjà accusé fin septembre l'ancien régime d'avoir manipulé les finances publiques.


"L'encours total de la dette de l'administration centrale budgétaire s'élève à 18 558,91 milliards de FCFA au 31 décembre 2023, représentant 99,67 % du PIB",
un taux
"supérieur"
à celui annoncé par le précédent gouvernement, indique le rapport couvrant la période 2019-2024.

Le déficit budgétaire déclaré par l'ancien régime serait également sous-estimé. La Cour des comptes a recalculé ce déficit pour l'année 2023 à 12,3 %, contre 4,9 % annoncés officiellement.

M. Sonko avait déjà décrit en décembre une situation des finances publiques
"catastrophique",
affirmant que le déficit atteignait 10,4 % du PIB et que la dette publique représentait 76,3 % du PIB.

La Cour des comptes a relevé
"des discordances sur l'encours de la dette publique, des anomalies dans les surfinancements de projets opérés par l'État et des manquements dans la gestion de ses dépôts bancaires".

Elle pointe également
"une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire"
et
"non retracée dans les comptes de l'État"
, ainsi que des
"tirages sur ressources extérieures supérieurs à ceux affichés"
par l'ancien gouvernement.

Par ailleurs, l'institution de contrôle souligne que ces faits pourraient être
"constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d'infractions à caractère pénal".
Ces éléments
"feront l'objet, le cas échéant, de déférés, de référés ou de déclarations provisoires de gestion de fait",
précise-t-elle.

Le rapport
"met en lumière plusieurs manquements graves qui nécessitent des actions immédiates"
pour être corrigés, a réagi le gouvernement dans un communiqué publié après le conseil des ministres.

"La trajectoire d'endettement de l'État doit être rapidement inversée pour préserver la soutenabilité des finances publiques et éviter de compromettre les équilibres économiques de long terme",
ajoute le gouvernement.

Le Fonds monétaire international (FMI) a salué la publication du rapport.
"Nous nous félicitons de la publication du rapport d'audit final de la Cour, qui témoigne de l'engagement des autorités en faveur d'une plus grande transparence",
a déclaré un porte-parole du FMI à l'AFP.

L'organisation financière internationale a précisé qu'elle analyserait désormais le rapport pour
"engager le processus de déclarations erronées",
impliquant des consultations internes et des échanges avec les autorités sénégalaises.

Début novembre, un porte-parole du FMI avait confirmé que l'institution avait suspendu son programme d'aide en attendant la validation du rapport d'audit par la Cour des comptes.


Cependant, cette publication suscite aussi des critiques.


Joint par l'AFP Youssou Diallo, un soutien de l'ancien président Macky Sall, a déclaré:


On se demande où était la Cour des comptes pendant la période contrôlée.

"L'ensemble des dirigeants de la Cour doivent démissionner. Ce sont des institutions qui fonctionnent au gré de ceux qui sont au pouvoir",
a-t-il poursuivi, sans se prononcer sur le fond du rapport.

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, prône une rupture avec le système.


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