Myriam Palomba: La liberté d'expression "est un mythe total"

David Bizet
18:0131/12/2025, mercredi
Yeni Şafak

Dans cet extrait de son entretien exclusif accordé à Nouvelle Aube, la journaliste Myriam Palomba livre un témoignage inquiétant sur l'état de la liberté de la presse en France. Avec 25 ans de carrière, elle dénonce une dégradation sans précédent depuis 2017. Après avoir critiqué la politique sanitaire et évoqué des sujets sensibles, elle affirme avoir été mise au ban du monde médiatique français. En 2025, sa carte de presse lui a été refusée pour des raisons qu'elle qualifie de politiques. Son témoignage soulève des questions sur l'indépendance journalistique dans l'Hexagone.

La journaliste Myriam Palomba, forte de 25 ans d'expérience dans les médias français, livre un témoignage glaçant sur l'état actuel de la liberté de la presse en France. Dans cet extrait, elle affirme sans détour que la liberté d'expression dans l'Hexagone relève désormais du
"mythe total".

Son constat est sans appel: depuis 2017, la situation se serait considérablement dégradée. Ayant occupé des postes à responsabilité, notamment à la tête d'une équipe de 60 journalistes, elle a été témoin direct d'un phénomène qu'elle juge préoccupant : l'autocensure généralisée au sein des rédactions françaises.


Autocensure des journalistes en France


Selon Palomba, le modèle économique des médias français constitue le cœur du problème. Elle explique que la dépendance aux subventions de l'État et de l'Union européenne aurait créé un système où la critique devient impossible.
"Les médias vivent tellement grâce aux subventions de la France et de l'Union européenne que plus personne ne critique"
, déclare-t-elle.

Cette dépendance financière engendrerait, selon ses observations, une forme d'autocensure préventive. Les journalistes, par crainte de perdre leur emploi, s'aligneraient spontanément sur le narratif officiel.
"Si vous ne servez pas le narratif de l'État, vous ne faites plus partie du métier"
, affirme-t-elle avec amertume.

"Condamnation à la mort sociale"


Le parcours professionnel de Myriam Palomba a basculé pendant la crise sanitaire. Sa couverture critique de la gestion de la pandémie par le gouvernement français lui aurait valu d'être progressivement écartée du monde médiatique. Elle évoque également d'autres sujets sensibles qu'elle a traités et qui auraient accéléré sa mise à l'écart.


"Le fait que j'ai critiqué la politique sanitaire d'Emmanuel Macron pendant la pandémie [...] a fait de moi une paria dans la presse et dans le monde médiatique français",
confie-t-elle. Cette exclusion ne serait pas restée informelle: elle décrit une véritable
"condamnation à la mort sociale et professionnelle".

"Je ne suis plus reconnu comme journaliste"


L'année 2025 marque un nouveau palier dans ce qu'elle présente comme une persécution professionnelle. Pour la première fois en 25 ans de carrière, sa carte de presse lui a été refusée. Malgré plusieurs recours devant la commission supérieure, la décision a été maintenue.


Le plus troublant dans son récit concerne l'explication qu'elle affirme avoir reçue. Selon elle, un membre de la commission de la carte de presse lui aurait confirmé par téléphone que la décision était
"politique".
Si ces allégations s'avéraient exactes, elles soulèveraient de graves questions sur l'attribution de cette carte professionnelle, censée être accordée sur des critères objectifs.

"Aujourd'hui, je ne suis même plus reconnue comme journaliste"
, déplore-t-elle, soulignant l'absurdité de voir une professionnelle expérimentée privée de sa reconnaissance officielle.

Le label "complotiste" comme arme de disqualification


Dans son analyse, Myriam Palomba pointe du doigt l'utilisation de l'étiquette
"complotiste"
comme outil de censure.
"Quand vous ne dites pas ce qui plaît au gouvernement, on vous traite de complotiste"
, affirme-t-elle. Cette stratégie de disqualification serait devenue, selon elle, particulièrement systématique sous la présidence d'Emmanuel Macron.

Elle cite en exemple la récente commission d'enquête sur France Télévisions, qui aurait été stoppée selon elle, illustrant l'intervention directe du pouvoir politique dans les affaires médiatiques. Le contrôle présidentiel sur la nomination des dirigeants du service public audiovisuel serait, à ses yeux, un levier d'influence majeur.


Une opposition médiatique contrôlée ?


Son analyse va plus loin en questionnant l'apparente diversité du paysage médiatique français. Elle cite notamment le cas de Vincent Bolloré et de sa chaîne CNews, souvent présentée comme une alternative au service public. Selon Palomba, il s'agirait en réalité d'une
"opposition contrôlée"
, destinée à donner l'illusion du pluralisme.

"On vous fait croire que CNews c'est l'anti-système, que c'est l'extrême droite, alors que le service public c'est l'extrême gauche. Mais ces gens-là jouent dans la même cour"
, analyse-t-elle. Elle souligne que les grands propriétaires de médias français, qu'il s'agisse de Bolloré, Xavier Niel ou Bernard Arnault, sont tous reçus à l'Élysée.

La liberté de la presse constitue un pilier fondamental de toute démocratie. Lorsqu'une journaliste expérimentée affirme en être privée, la société dans son ensemble devrait s'interroger sur l'état réel de ce droit fondamental en France en 2025.


Vous pouvez retrouver l'intégralité de notre entretien avec Myriam Palomba ci-dessous.


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