Plus efficace, moins cher, le solaire hors-réseau vu comme crucial en Afrique

09:4929/01/2025, Çarşamba
AFP
Un sommet en Tanzanie a réuni lundi 27 janvier 2025 chefs d'État et donateurs pour financer l'accès à l'électricité en Afrique.
Crédit Photo : Média X /
Un sommet en Tanzanie a réuni lundi 27 janvier 2025 chefs d'État et donateurs pour financer l'accès à l'électricité en Afrique.

L'objectif d'amener l'électricité à 300 millions d'Africains en cinq ans seulement, objet d'un sommet ayant réuni mardi chefs d'État et donateurs en Tanzanie, s'appuiera grandement sur le solaire hors réseau, dont l'efficacité grimpe tandis que le prix diminue, affirme un expert.

À Dar es Salaam, la Banque mondiale s'est engagée à mobiliser
"30 à 40 milliards"
de dollars, et la Banque africaine de développement a promis 18 milliards de dollars pour accélérer l'accès à l'électricité sur le continent, où près de 600 millions d'habitants en sont privés.

Les deux organisations estiment que, dans leur "Mission 300", le solaire hors réseau (ou off-grid), qui va de la simple lampe photovoltaïque aux mini-réseaux capables d'alimenter une localité indépendamment du système national, jouera un rôle central.


Cette solution énergétique est en effet de moins en moins chère – les prix du photovoltaïque ayant chuté ces dernières années – tout en étant plus efficace, explique l'association mondiale de promotion du solaire hors réseau, Gogla.

"Les améliorations de la technologie permettent désormais d'alimenter beaucoup plus d'appareils",
explique dans une interview à l'AFP Patrick Tonui, directeur des politiques et stratégies régionales de Gogla.

"Il y a 15 ou 20 ans, on parlait essentiellement d'éclairer des ampoules et peut-être de charger un téléphone. Aujourd'hui, vous pouvez faire fonctionner une grande télévision, un frigo, etc. – tout cela à un prix vraiment abordable",
poursuit l'expert kényan.

Lignes trop chères


Pas moins de 80 % des personnes privées d'électricité dans le monde vivent en Afrique subsaharienne, soit environ 570 millions d'habitants sur un total de 1,2 milliard en 2022, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).


Dans ce contexte, le solaire off-grid apparaît d'autant plus pertinent, notamment en zone rurale, que le déploiement du réseau national s'avère coûteux pour des États financièrement contraints et gouvernant parfois des territoires immenses.


À titre d'exemple, la RDC, pays gigantesque, pauvre et en partie recouvert de forêts primaires, possède l'un des réseaux les moins étendus du continent, note M. Tonui. L'accès à l'électricité y était de 21 % en 2022, selon la Banque mondiale.

Même au Kenya, qui s'enorgueillit d'un taux d'accès à l'électricité élevé pour la région, le réseau ne couvre que 40 % du pays, desservant peu les vastes zones semi-arides du Nord, pointe M. Tonui, ajoutant que le off-grid y totalise
"20 à 25 %"
de l'accès à l'électricité.

"Du point de vue financier, de la faisabilité, et même juste des délais, il est irréaliste de penser qu'on peut amener le réseau partout",
insiste l'expert.

Sans compter qu'être connecté au réseau n'est pas une panacée en Afrique : les coupures d'électricité, parfois chroniques, restent une contrainte majeure. Au Nigeria, tous ceux qui le peuvent possèdent un générateur diesel.


En Afrique du Sud, pays le plus développé au sud du Sahara mais touché par une profonde crise énergétique en 2023-2024, de nombreux ménages et commerces se sont équipés en solaire
"soit comme back-up, soit pour réduire leurs coûts",
plaide M. Tonui.

Explosion démographique


Malgré les efforts, l'ajout de nouvelles lignes et l'augmentation de la production, la situation se dégrade : le nombre d'Africains sans électricité augmente, selon l'AIE.


En 2010, ils étaient 566 millions, soit environ 4 millions de moins qu'en 2022, soulignait l'agence dans un rapport publié l'année dernière, notant qu'à l'inverse, l'accès à l'électricité s'est grandement amélioré en Asie du Sud et du Centre sur la même période.

La première cause est démographique. De plus,
"il y a eu avec le Covid un ralentissement des programmes d'accès à l'énergie",
analyse M. Tonui, insistant aussi sur la crise économique qui a laminé le pouvoir d'achat en Afrique – et donc la capacité à payer les factures.

"Le rythme de l'accès à l'électricité n'a pas pu maintenir la cadence."

À lire également:






#Afrique
#électricité
#solaire