
Dans les ruelles de Khan al-Khalili, l'immense marché au centre du Caire, la voix traînante et suave de la diva de la chanson arabe Oum Kalthoum s'échappe d'un estaminet où des amis, attablés autour d'un thé et de narguilés, savourent l'instant.
Abou Ahmad, le gérant, ajuste soigneusement le volume de l'antique magnétophone. Il assure:
Tant que les gens écouteront de la musique, Oum Kalthoum sera présente. Elle n'est jamais partie.
"Un jour sans elle"
À l'extérieur du café, des figurines d'Oum Kalthoum en foulard et lunettes de soleil emblématiques trônent sur un stand en bois.
Dans le quartier huppé de Zamalek se dresse une statue en bronze de l'icône et, de l'autre côté du Nil, se trouve son musée.
Étonnamment, les visiteurs sont en majorité des adolescents. Rodina Mohamed, 15 ans, loue son talent:
Elle ne se démode pas car elle était perfectionniste dans les paroles, les mélodies et l'interprétation.
Son aura a gagné le monde arabe. Youssef Hamad, ingénieur à la retraite de 77 ans, retrouve tous les jours ses amis au café Oum Kalthoum de Bagdad, ouvert en 1970.
La vie d'une légende
Née en 1898 dans une famille modeste du delta du Nil, Oum Kalthoum est devenue la voix la plus célèbre de la musique arabe.
Sa voix grave et sa présence magnétique ont captivé le public. Dans les années 1930, elle s'est installée au Caire, où elle a révolutionné la musique, mêlant poésie classique et grandes compositions orchestrales.
Ses concerts étaient légendaires et certains pouvaient durer cinq heures, avec des improvisations, des vers étirés et des strophes répétées.
Bob Dylan a déclaré:
Elle est l'une de mes chanteuses préférées de tous les temps.
Considérée comme une icône culturelle de la nouvelle identité républicaine de l'Égypte, elle a produit des chansons suscitant le patriotisme.
En 1967, elle s'est produite à Paris, à l'Olympia, et a fait don de la recette à l'armée égyptienne en pleine guerre contre Israël.
La Dame à l'écran
L'histoire d'Oum Kalthoum est sur le point de revenir sous les projecteurs avec un biopic intitulé 'El-Set'.
Les réalisateurs ont déclaré qu'il mettrait en lumière les moments importants de sa vie, notamment son accession à la tête du Syndicat des musiciens dans les années 1940.










