Trump, de quel côté tournera-t-il la clé ?

10:2830/12/2025, mardi
MAJ: 30/12/2025, mardi
Abdullah Muradoğlu

Aux États-Unis, les "chrétiens évangéliques blancs sionistes" souhaitent qu’Israël annexe l’ensemble des territoires palestiniens, y compris la Cisjordanie. Le président américain Donald Trump avait pourtant déclaré, lors d’un entretien accordé au magazine "Time" le 15 octobre, qu’Israël perdrait tout le soutien des États-Unis s’il procédait à l’annexion de la Cisjordanie. Une déclaration qui avait profondément irrité les milieux chrétiens-sionistes. Environ une semaine après cette interview, alors

Aux États-Unis, les
"chrétiens évangéliques blancs sionistes"
souhaitent qu’Israël annexe l’ensemble des territoires palestiniens, y compris la Cisjordanie. Le président américain Donald Trump avait pourtant déclaré, lors d’un entretien accordé au magazine
"Time"
le 15 octobre, qu’Israël perdrait tout le soutien des États-Unis s’il procédait à l’annexion de la Cisjordanie. Une déclaration qui avait profondément irrité les milieux chrétiens-sionistes.

Environ une semaine après cette interview, alors que le vice-président américain JD Vance se trouvait en Israël, la Knesset a mis aux voix une proposition prévoyant l’annexion de la Cisjordanie. Ce vote, auquel le parti de Netanyahu n’a pas participé, n’était qu’un vote préliminaire. Netanyahu avait choisi de s’en tenir à l’écart, estimant qu’il n’était pas opportun de mettre Trump en difficulté à ce stade.


Une annexion rejetée officiellement, appliquée de fait


JD Vance a été littéralement choqué par ce vote de la Knesset. Il ne s’attendait pas à ce qu’une telle initiative soit lancée pendant sa visite en Israël. Dans sa réaction, il a déclaré :
"S’il s’agissait d’un spectacle politique, c’était une manœuvre extrêmement stupide. Je le considère même comme une insulte personnelle. La Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël. La politique de l’administration Trump est claire : la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël. Et cette ligne restera la nôtre."

Dans les faits, Israël agit en Cisjordanie comme s’il s’agissait déjà d’une annexion, à l’exception de l’acte juridique formel. L’expansion des colonies illégales se poursuit, tandis que les violences des colons sionistes contre les Palestiniens continuent sans interruption. Si je rappelle ces éléments, c’est parce qu’il était attendu que cette question soit également abordée lors de la rencontre tenue hier en Floride entre Trump et Netanyahu. Le destin politique de ce dernier dépend en grande partie des ministres les plus radicaux et partisans de l’annexion au sein de son gouvernement. C’est pourquoi il se disait que Netanyahu chercherait, lors de cette rencontre, à affaiblir les engagements de Trump concernant la Cisjordanie.


Gaza, la Cisjordanie et le calcul politique de Netanyahu


La raison pour laquelle Trump a demandé au président israélien Isaac Herzog d’accorder une grâce à Netanyahu, poursuivi pour corruption, tient au souhait de le libérer de cette pression judiciaire. Une telle grâce paraît toutefois peu probable tant que la procédure judiciaire est en cours. En effet, une décision de grâce impliquerait soit la reconnaissance de culpabilité de Netanyahu, soit une condamnation définitive. Netanyahu sait aussi qu’en cas de peine de prison, il devrait quitter la scène politique.


Pour gagner du temps, Netanyahu multiplie les attaques contre le Liban et la Syrie, et tente de rendre inopérant le Plan de Gaza de Trump sous des prétextes fallacieux. Or, en raison des engagements pris par Trump envers la Türkiye, l’Égypte et le Qatar, le passage à la deuxième phase du Plan de Gaza est devenu nécessaire. Trump considère désormais Netanyahu comme le principal obstacle à la mise en œuvre de ce plan.


Dans le document de
"Stratégie de sécurité nationale"
, Trump a également annoncé que les États-Unis recentreraient leur effort militaire sur le continent américain. Le recul du Moyen-Orient dans l’ordre des priorités a provoqué un profond malaise en Israël, chez les néoconservateurs et parmi les chrétiens-sionistes.

Il était évident que Netanyahu chercherait à saboter le Plan de Gaza et à recourir à des provocations afin d’empêcher les États-Unis de déplacer leur attention vers d’autres régions. Trump a pourtant accordé à Israël et à Netanyahu des faveurs qu’aucun président américain n’avait consenties auparavant. En retour, les milieux sionistes rejettent avec virulence à la fois le Plan de Gaza et les engagements de Trump sur la Cisjordanie.


Netanyahu place désormais ses espoirs dans les dirigeants chrétiens-sionistes américains ayant participé, début décembre, au
"Sommet des ambassadeurs des amis de Sion"
, organisé par le ministère israélien des Affaires étrangères. Parmi les consignes données à ces réseaux figure la pression à exercer sur Trump afin qu’il renonce à ses engagements concernant la Cisjordanie. Lors de ce sommet, des évangéliques sionistes ont vivement critiqué les républicains opposés à l’annexion et exigé que l’administration Trump donne son feu vert à la souveraineté israélienne sur l’ensemble des territoires palestiniens.

Les parties non israéliennes impliquées dans le Plan de Gaza attendent elles aussi que Trump respecte ses engagements. Il est évident qu’un accord dépourvu d’un véritable rapport de force ne saurait être un accord réel. La clé est entre les mains de Trump, et la direction dans laquelle il la tournera suscite une attente générale.


La situation de Trump rappelle celle de Michael Corleone, le parrain des parrains, dans le film adapté du célèbre roman
"Le Parrain"
de Mario Puzo. Chaque tentative de Corleone pour sortir de l’ordre établi était sabotée par certains membres de l’organisation criminelle. Il disait alors :
"Au moment même où je pensais être sorti, ils m’ont replongé à l’intérieur."
Netanyahu, de son côté, multiplie les provocations pour maintenir les États-Unis enfermés au Moyen-Orient. Trump saura-t-il faire preuve de la force nécessaire pour déjouer les manœuvres de Netanyahu ? C’est la question que tout le monde, à juste titre, attend de voir tranchée.
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