Honda et Nissan abandonnent leur projet de fusion mais projettent toujours de "collaborer"

13:0513/02/2025, jeudi
AFP
Makoto Uchida (à gauche), président et PDG du constructeur automobile japonais Nissan, et Toshihiro Mibe (à droite), directeur, président et représentant de la direction du constructeur automobile Honda, posant à la fin d'une conférence de presse à Tokyo, le 1er août 2024.
Crédit Photo : Richard A. Brooks / AFP
Makoto Uchida (à gauche), président et PDG du constructeur automobile japonais Nissan, et Toshihiro Mibe (à droite), directeur, président et représentant de la direction du constructeur automobile Honda, posant à la fin d'une conférence de presse à Tokyo, le 1er août 2024.

Les constructeurs automobiles japonais Nissan et Honda ont annoncé jeudi l’abandon de leurs discussions en vue d’une fusion, lancées en décembre 2024 pour unir leurs forces face aux défis de l’électrique.

Ce projet a échoué en raison de la volonté de Honda de prendre le contrôle de la nouvelle entité, une option jugée inacceptable par Nissan.


Une fusion avortée pour préserver l’autonomie


Nissan, en proie à de sérieuses difficultés financières, avait ouvert des négociations avec Honda en vue d’un rapprochement qui aurait donné naissance au troisième constructeur mondial en 2026.

Cependant, après une analyse approfondie du marché, les deux entreprises ont conclu que la rapidité des prises de décision était prioritaire, ce qui a conduit à la rupture des discussions et à la résiliation du protocole d’accord, ont-elles indiqué dans un communiqué commun.


L’échec de cette fusion était attendu : selon une source proche du dossier, le conseil d’administration de Nissan s’était déjà prononcé la semaine dernière pour l’arrêt des discussions.


Un marché en pleine mutation et une alliance stratégique maintenue


L’objectif initial était d’unir les forces de Honda et Nissan, respectivement deuxième et troisième constructeurs japonais derrière Toyota, afin de mieux affronter le marché de l’électrique.

Tesla et les constructeurs chinois comme BYD dominent ce secteur, tandis que les groupes japonais, historiquement focalisés sur les hybrides, ont accumulé un retard considérable.


Nissan et Honda avaient cependant dévoilé en mars 2024 un partenariat stratégique dans les logiciels et équipements pour véhicules électriques, qu’ils comptent maintenir malgré l’abandon de la fusion.

"À l’avenir, Nissan et Honda collaboreront dans le cadre d’un partenariat stratégique pour affronter l’ère des véhicules électrifiés et intelligents", ont-ils assuré.


Honda voulait une prise de contrôle, Nissan a refusé


Un mariage entre Nissan et Honda aurait permis de réaliser des économies d’échelle en mutualisant les efforts dans la recherche et les infrastructures industrielles.


La fusion devait initialement se faire via une holding unique avec une seule cotation. Toutefois, Honda, bénéficiant d’une capitalisation boursière cinq fois supérieure à celle de Nissan, a réclamé une prise de contrôle totale, ce que Nissan a catégoriquement refusé.


"Honda a proposé de modifier la structure en passant d’une société holding commune (...) à une structure où Honda serait la société mère et Nissan la filiale par le biais d’un échange d’actions"
, précise le communiqué.

Renault soutient Nissan dans son indépendance


Le groupe Renault, qui détient 35% du capital de Nissan, a jugé
"inacceptable"
la proposition de Honda, qui ne prévoyait aucune prime de contrôle.

"Nous continuerons à soutenir Nissan dans les projets en cours"
, a assuré une porte-parole de Renault à l’AFP.

Selon Yoshitaka Ishiyama, analyste chez Mizuho Securities,
"Nissan semble mettre l’accent sur son indépendance et sa liberté de décision, ce qui ne maximisait pas forcément les économies d’échelle recherchées par Honda"
.

Un marché difficile pour les constructeurs japonais


L’abandon de cette fusion est un coup dur pour Nissan, qui traverse une crise financière majeure.


Sous forte pression, le constructeur avait déjà annoncé en novembre 2024 la suppression de 9.000 postes dans le monde et une réduction de ses capacités industrielles pour limiter les pertes et tenter de relancer ses ventes.

Nissan publiera plus tard jeudi ses résultats du troisième trimestre (octobre-décembre 2024).


De son côté, Honda continue de résister malgré des résultats en demi-teinte. Son bénéfice d’exploitation d’octobre à décembre n’a progressé que de 4,7%, pour un chiffre d’affaires de 34 milliards d’euros (+2,6%).

Le groupe prévoit des ventes automobiles en stagnation en Asie et Amérique du Nord, et une baisse significative au Japon et en Europe.


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