Arctique: le réchauffement menace les phoques

17:1326/12/2025, Cuma
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La hausse rapide des températures en Arctique accroît le risque d’extinction de plusieurs espèces de phoques, selon l’UICN et des experts environnementaux.
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La hausse rapide des températures en Arctique accroît le risque d’extinction de plusieurs espèces de phoques, selon l’UICN et des experts environnementaux.

Les températures de l’air en surface dans l’Arctique augmentent près de quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, exposant les phoques arctiques à un risque accru d’extinction.

La Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) recense 172 620 espèces évaluées, dont 48 646 sont menacées à divers degrés de disparition.


L’Arctique abrite six espèces de véritables phoques: le phoque commun, le phoque annelé, le phoque du Groenland, le phoque à capuchon, le phoque barbu et le phoque gris. Les dernières mises à jour indiquent que trois espèces arctiques se rapprochent désormais du seuil d’extinction.

Le phoque à capuchon a été reclassé de
"vulnérable"
à
"en danger"
, tandis que le phoque barbu et le phoque du Groenland sont passés de la catégorie
"préoccupation mineure"
à
"quasi menacé"
.

Selon le rapport de l’UICN, la perte de la banquise provoquée par le réchauffement climatique constitue le principal facteur expliquant l’augmentation du risque d’extinction des phoques arctiques. La région se réchauffe près de quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, accélérant le recul de la glace de mer.

D’après le
"Arctic Report Card 2025"
, publié en décembre par l’Administration nationale océanique et atmosphérique des États-Unis (NOAA), les températures de surface dans l’Arctique entre octobre 2024 et septembre 2025 ont atteint un niveau record depuis le début des observations en 1900. L’automne 2024 a été la saison la plus chaude jamais enregistrée, tandis que l’hiver 2024-2025 s’est classé comme le deuxième plus chaud.

Fonte des glaces et hausse du trafic maritime


Au-delà de l’augmentation des températures, les effets indirects du réchauffement climatique exercent une pression supplémentaire sur les populations de phoques. La fonte de la glace favorise une intensification du trafic maritime, ainsi qu’une augmentation des activités de chasse commerciale et d’exploitation minière.


La Route maritime du Nord constitue un point névralgique de cette dynamique. La Chine y a fortement accru sa présence, avec environ 400 000 tonnes de fret conteneurisé transportées en 2025, soit plus de deux fois et demie le volume de l’année précédente, et un record de 15 transits de porte-conteneurs reliant notamment des ports russes et chinois.

La Russie prévoit également une hausse de 50% des passages de navires étrangers sur cette route en 2025, sous l’effet de l’intérêt croissant de partenaires asiatiques cherchant des alternatives aux voies traditionnelles comme le canal de Suez, selon l’agence publique russe Rosatom.


Ces évolutions exposent les phoques arctiques à des risques accrus de collisions avec les navires, de pollution sonore et de perturbation de leur habitat.


Un rôle clé dans l’écosystème arctique


Henry Huntington, directeur des sciences arctiques à l’organisation américaine Ocean Conservancy, a évalué les transformations affectant la région.


S’exprimant auprès de la presse, il a rappelé que les phoques jouent un rôle central dans l’écosystème arctique, en tant que prédateurs de poissons et d’autres espèces marines, mais aussi comme proies pour les ours polaires, les orques et certaines communautés locales.

Il a souligné que ces espèces dépendent de la banquise pour des activités essentielles telles que l’alimentation, l’abri, la mise bas et l’élevage des petits. Sans glace de mer, les phoques deviennent plus vulnérables et perdent des zones cruciales de repos et de reproduction.


Selon Henry Huntington, certaines espèces pourraient s’adapter partiellement à ces changements, mais les surfaces terrestres disponibles dans l’Arctique sont insuffisantes pour remplacer la banquise. La perturbation des écosystèmes liée à la disparition de la glace rendra également la région plus accessible à des espèces venant de latitudes plus basses, accentuant la concurrence pour la nourriture et l’habitat.


Les conséquences dépassent largement les phoques. Les ours polaires, qui dépendent des phoques pour leur alimentation et de la glace pour se déplacer et s’abriter, sont eux aussi de plus en plus menacés. Les renards arctiques, souvent dépendants des restes laissés par les ours polaires, pourraient également subir des effets en cascade, tout comme les populations de rennes, en déclin dans plusieurs régions.

Henry Huntington a insisté sur le fait que certaines pressions humaines peuvent encore être atténuées. La protection de zones clés contre les activités humaines est essentielle pour permettre aux phoques et à d’autres espèces de s’adapter, alors que la banquise continue de reculer.


L’Arctique en chiffres


La région arctique couvre environ 14,5 millions de kilomètres carrés de terres et d’océans répartis entre huit pays: le Canada, les États-Unis (Alaska), la Russie, la Norvège, la Suède, la Finlande, le Danemark (Groenland) et l’Islande.

Depuis le début des observations satellitaires en 1979, l’étendue minimale estivale de la banquise arctique diminue d’environ 12 à 13% par décennie, soit une perte annuelle proche de 77 000 kilomètres carrés. Cela représente près de 50% de couverture de glace en moins par rapport aux années 1980, avec de lourdes conséquences pour les espèces dépendantes de la glace.


Fondée en 1972, Ocean Conservancy est une organisation non gouvernementale basée à Washington, dédiée à la protection des écosystèmes marins à travers la recherche scientifique, le plaidoyer politique et des initiatives internationales de lutte contre la pollution et la dégradation des habitats.


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