
Les températures de l’air en surface dans l’Arctique augmentent près de quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, exposant les phoques arctiques à un risque accru d’extinction.
La Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) recense 172 620 espèces évaluées, dont 48 646 sont menacées à divers degrés de disparition.
Fonte des glaces et hausse du trafic maritime
Au-delà de l’augmentation des températures, les effets indirects du réchauffement climatique exercent une pression supplémentaire sur les populations de phoques. La fonte de la glace favorise une intensification du trafic maritime, ainsi qu’une augmentation des activités de chasse commerciale et d’exploitation minière.
La Russie prévoit également une hausse de 50% des passages de navires étrangers sur cette route en 2025, sous l’effet de l’intérêt croissant de partenaires asiatiques cherchant des alternatives aux voies traditionnelles comme le canal de Suez, selon l’agence publique russe Rosatom.
Ces évolutions exposent les phoques arctiques à des risques accrus de collisions avec les navires, de pollution sonore et de perturbation de leur habitat.
Un rôle clé dans l’écosystème arctique
Henry Huntington, directeur des sciences arctiques à l’organisation américaine Ocean Conservancy, a évalué les transformations affectant la région.
Il a souligné que ces espèces dépendent de la banquise pour des activités essentielles telles que l’alimentation, l’abri, la mise bas et l’élevage des petits. Sans glace de mer, les phoques deviennent plus vulnérables et perdent des zones cruciales de repos et de reproduction.
Selon Henry Huntington, certaines espèces pourraient s’adapter partiellement à ces changements, mais les surfaces terrestres disponibles dans l’Arctique sont insuffisantes pour remplacer la banquise. La perturbation des écosystèmes liée à la disparition de la glace rendra également la région plus accessible à des espèces venant de latitudes plus basses, accentuant la concurrence pour la nourriture et l’habitat.
Henry Huntington a insisté sur le fait que certaines pressions humaines peuvent encore être atténuées. La protection de zones clés contre les activités humaines est essentielle pour permettre aux phoques et à d’autres espèces de s’adapter, alors que la banquise continue de reculer.
L’Arctique en chiffres
Depuis le début des observations satellitaires en 1979, l’étendue minimale estivale de la banquise arctique diminue d’environ 12 à 13% par décennie, soit une perte annuelle proche de 77 000 kilomètres carrés. Cela représente près de 50% de couverture de glace en moins par rapport aux années 1980, avec de lourdes conséquences pour les espèces dépendantes de la glace.
Fondée en 1972, Ocean Conservancy est une organisation non gouvernementale basée à Washington, dédiée à la protection des écosystèmes marins à travers la recherche scientifique, le plaidoyer politique et des initiatives internationales de lutte contre la pollution et la dégradation des habitats.









